Volodymir Zelensky, le président ukrainien, admet que la contre-offensive lancée par Kiev face à l'armée russe, n’a pas encore donné tous les résultats espérés. Mais depuis hier soir la confusion règne à Moscou où Evgueni Prigojine, le chef des milices Wagner, est entré en rébellion armée.
- Tatiana Kastouéva-Jean Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri
- Camille Grand Chercheur, spécialiste des questions de défense au Conseil Européen pour les relations internationales (ECFR) et ancien Secrétaire général adjoint de l’OTAN.
- Michel Goya Ancien colonel des Troupes de marine, auteur du blog "La voix de l'épée"
- Pierre Haroche Chercheur en sécurité européenne à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire)
Voilà seize mois tout juste, le 24 février 2022, Vladimir Poutine donnait à ses troupes l’ordre d’envahir l’Ukraine, seize mois qu’elles n’y sont pas parvenues, seize mois que les Ukrainiens résistent, Seize mois que la guerre s’est installée dans notre quotidien avec son flux d’images, d’émotions et d’analyses de l’onde de choc qu’elle ne cesse d’alimenter. Tout au long de ce feuilleton sinistre, nous sommes sans arrêt ballottés entre trois temporalités différentes, qui coïncident rarement : la temporalité militaire, avec sa part de secrets et de surprises des deux côtés de la ligne de front, la temporalité politique, avec son agenda et ses effets d’annonce à l’échelle planétaire, et la temporalité médiatique, à laquelle on sacrifie trop vite et trop souvent, la guerre de la communication à l’ère numérique prenant toute sa part dans ce conflit hybride, très moderne et très classique à la fois.
Quel est le degré d'engagement des Alliés?
Où en est-on aujourd’hui ? A Moscou, c’est la confusion ce matin – le chef des milices Wagner a appelé hier soir à la mutinerie contre le haut commandement militaire qui aurait fait bombarder ses combattants. Côté ukrainien, Volodymir Zelensky reconnait que la controffensive déclenchée le mois dernier n’a pas donné tous les résultats espérés, mais ce n’est pas un film d’Hollywood, insiste-t-il, et il n’a pas engagé l’essentiel de ses moyens. Où en est-on ce matin sur le terrain ? Le calendrier s’accélère – le calendrier des saisons, avant l’enlisement de l’hiver, et le calendrier diplomatique : le prochain sommet de l’OTAN, les 11 et 12 juillet prochains à Vilnius, en Lituanie, sera évidemment le moment d’évaluer le degré de cohésion et d’engagement des Alliés. Quelles garanties de sécurité promettre à Kiev pour rassurer les Ukrainiens mais aussi les pays de l’Est, faut-il faire entrer l’Ukraine dans l’Organisation ? Paris se dit favorable, c’est nouveau, Berlin et Washington semblent plus réticents. Vladimir Poutine joue le temps long, indifférent aux pertes en hommes et en matériel. Les Occidentaux vont-ils tenir la distance par rapport à leurs opinions publiques, mais aussi en termes de capacités industrielles ? Une deuxième conférence internationale pour la reconstruction de l’Ukraine vient d’avoir lieu à Londres : un autre chantier où pourraient intervenir d’autres acteurs, publics et privés ?
Tatiana Kastouéva-Jean a écrit *La Russie de Poutine en 100 questions (*Tallandier, 2020). Michel Goya a co-signé avec Jean Lopez L'Ours et le Renard, Histoire immédiate de la guerre en Ukraine *(*éditions Perrin, 2023). Pierre Haroche a publié une tribune dans le Monde daté du 20 juin 20232 intitulée Une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN va dans le sens de l’histoire.
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- Mersiha NezicAttaché(e) de production