La militarisation de l'espace est un fait, depuis longtemps... Etats-Unis, Russie et Chine rivalisent de moyens alors que de nouveaux acteurs entrent dans la course à l'exploitation de l'espace. Quels sont les enjeux de sécurité? Où en est la question de l'arsenalisation de l'espace?
Trump veut “une domination américaine de l’espace”, rapporte Courrier International, dans la revue de presse, "États-Unis. Washington annonce une “Force de l’espace" (10/08/2018)
“Pour défendre l’Amérique, une simple présence dans l’espace ne suffit pas, nous devons dominer l’espace”, avait expliqué en juin Donald Trump, qui s’est empressé jeudi de plaider sur Twitter pour “la Force de l’espace jusqu’au bout !”
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Mike Pence, le vice-président, a lui évoqué les menaces que font planer les progrès des autres acteurs en présence, en particulier les craintes quant aux armes antisatellites de la Chine et de la Russie.
Selon le New York Times, les adversaires des États-Unis pourraient être en mesure de détruire des satellites américains d’ici deux à trois ans. Ces derniers, actuellement contrôlés par l’US Air force, sont au nombre de 100, dont 31 satellites GPS, précise le magazine Time__. Et sont d’une importance stratégique. “Les satellites GPS aident notamment les porte-avions américains dans le golfe Persique, les drones dans l’espace aérien yéménite et les avions de chasse au-dessus de la Syrie. Les troupes au sol en Afghanistan utilisent les coordonnées GPSpour suivre leurs mouvements, et les services de renseignements dépendent des satellites espions pour récolter des informations sur les adversaires”, énumère le New York Times.
Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, il a publié_Le nouvel âge spatial. De la Guerre froide au New space_ en juin 2017 aux éditions du CNRS.
Dans la dialectique sino-américaine, Xavier Pasco souligne l'importance de l'accès aux territoires et la longue histoire de l'idée de systèmes anti-satellites__. Il y a une "réactivation politique" de cette stratégie face à une technologie qui galope aujourd'hui.
"Les chinois sont très soucieux de l'environnement maritime et de la capacité des Américains à se rapprocher de leur territoire par le biais maritime ... Les satellites chinois surveillent les unités maritimes américaines...L'intérêt d'avoir un système anti-satellite, pour les Etats-Unis serait de mettre à mal cette capacité chinoise de surveillance maritime. C'est "le déni d'accès' selon la terminologie des Américains."
"Il s'agit de se défendre des satellites qui sont de plus en plus petits, rapides et nombreux et qui vont mailler l'espace extra-atmosphérique. On va avoir une sorte d'omniprésence. Les pays montrent leur capacité à observer en permanence ce qui se passe dans l'espace."
Mathieu Duchâtel, Directeur adjoint du programme « Asie et Chine » au Conseil européen des relations internationales (ECFR), il a notamment publié Géopolitique de la Chine aux PUF dans la Collection Que sais-je ? en 2017
Florence Gaillard-Sborowsky (par téléphone), chargée de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique. Elle a notamment dirigé le rapport “Sécuriser l’espace extra-atmosphérique Éléments pour une diplomatie spatiale” par le CSFRS et la la FRS avec les contributions de Xavier Pasco et Isabelle Sourbès-Verger et Isabelle Facon.
Daniel Porras (par téléphone), chercheur à l'Institut de L'ONU pour la Recherche de Désarmement à Genève ( UNIDIR)
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Du rififi dans l'espace : Chine, Etats-Unis-Russie
La revue de presse d' Eric Chol, Directeur de la Rédaction de Courrier International
- Le projet de Donald Trump de créer une force de l’espace fait l’objet de nombreuses critiques, notamment dans la presse asiatique.
Le quotidien Hongkongais South China Morning Post a publié récemment une tribune du journaliste Ankit Panda, qui explique pourquoi la proposition du président américain est une mauvaise idée. Il passe vite sur les arguments déjà connus comme le fait que cette force de l’espace existe déjà, puisque l’armée de l’air américaine, la fameuse US Air Force, possède déjà des prérogatives sur l’espace , au point, rappelle-t-il, qu’il existe par exemple un commandement spatial au sein de l’US air Force.
Au delà de ces querelles de clochers au sein de la défense américaine, l’auteur pointe du doigt un effet négatif de cette future nouvelle force.
"Celle-ci risque de passer à côté de son objectif en relançant une course à l’armement dans l’espace".
Pour le South China Morning Post, le simple fait de discuter de ce projet va très probablement pousser les adversaires des Etats-Unis – c’est à dire la Russie et la Chine - à accélérer leur propres efforts dans le domaine spatial.
Pour l’auteur, Donald Trump se trompe de combat.
"Si les Etats-Unis sont inquiets des capacités de défense spatiale russes et chinoises, et ils ont raison de l’être, la réponse ne passe pas par la création d’une force de l’espace, mais plutôt par la poursuite du contrôle des armements en coopération avec Pékin et Moscou".
Pour lui, les choses sont claires : les Etats-Unis sont la première superpuissance spatiale du monde – il rappelle au passage que les capacités américaines d’espionnage, de surveillance et de reconnaissance reposent sur le plus grand réseau de satellites militaires du monde.
"Ne faisons pas d’erreur, prévient-il, ce sont les stratèges américains qui auraient le plus à perdre en cas de prolifération d’armes de défense spatiale dans les arsenaux chinois et russes".
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- Ces débats sur la force spatiale américaine interviennent dans un climat d’accusations d’agression spatiale entre les Etats-Unis et la Russie.
A la fin du mois d’août, un petit trou a été décelé dans la carlingue du vaisseau Soyouz, arrimé à la partie russe de la Station spatiale internationale. L’équipage - trois Américains, deux Russes et un Allemand – n’aurait apparemment jamais été en danger, et depuis la fuite a été réparée. Mais cet incident a été largement commenté par la presse russe, qui y voit la trace d’un complot américain.
Le quotidien de Moscou Kommersant a par exemple titré à la une le 12 septembre:
"Les astronautes américains soupçonnés d’avoir délibérément endommagé la navette spatiale russe”.
Sur un mode humoristique, le site russe Gazeta s’interroge :
“La perceuse de l’ennemi : qui a troué la station spatiale internationale ?”
Et le journal donne sa réponse :
"La brèche a été faite par les Américains parce qu’ils voulaient rentrer chez eux au plus vite.”
En effet, croit savoir la presse russe, les astronautes américains auraient volontairement provoqué un incident technique dans la station, afin de faire rentrer en urgence tout l’équipage sur Terre, et ainsi rapatrier un des leurs, malade. Les Américains, eux, réfutent évidemment cette thèse. En attendant, le ton est monté entre les deux pays.
L’agence spatiale russe aurait demandé à la NASA de lui fournir des copies des enregistreurs vidéos de la station, ainsi que des bilans médicaux des astronautes.
“Si nos partenaires américains rejettent nos demandes, aucun doute ne demeurera sur leur implication dans l’incident”, estime une source interrogée par Kommersant.
Espérons que ce ne sera pas le cas, conclut le journal moscovite, les relations russo-américaines dans le domaine spatial risqueraient de connaître de bien mauvais jours.
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