La retraite d'Afghanistan

Des soldats de l'armée américaine rentrent chez eux après un déploiement de 9 mois en Afghanistan le 10 décembre 2020 à Fort Drum, New York.
Des soldats de l'armée américaine rentrent chez eux après un déploiement de 9 mois en Afghanistan le 10 décembre 2020 à Fort Drum, New York. ©AFP - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Des soldats de l'armée américaine rentrent chez eux après un déploiement de 9 mois en Afghanistan le 10 décembre 2020 à Fort Drum, New York. ©AFP - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Des soldats de l'armée américaine rentrent chez eux après un déploiement de 9 mois en Afghanistan le 10 décembre 2020 à Fort Drum, New York. ©AFP - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
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Alors que les soldats américains commencent à revenir d'Afghanistan, dans quel état laissent-ils ce pays ravagé par la guerre ? Sur place, les Talibans ont-ils gagné ?

Avec
  • Olivier-Remy Bel chercheur associé à l’Atlantic Council, auteur d’un rapport sur la relation de défense franco-américaine, disponible sur le site de l’Atlantic Council
  • Gilles Dorronsoro Professeur de science politique à l’Université Paris-I et membre senior de l’Institut universitaire de France
  • Nassim Majidi co-fondatrice/directrice de Samuel Hall, un centre de recherche basé à Kaboul (organisation à but social qui forme des chercheurs afghans et qui soutient l’action humanitaire/développement dans le pays)
  • Jean-François Daguzan Docteur en droit et en sciences politiques, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) et professeur associé à l'Université de Paris II Panthéon-Assas

Ce dimanche, les Américains célèbreront leur fête nationale, les drapeaux claqueront au vent et, un peu partout, les barbecues seront de la fête comme l’avait promis Joe Biden au lendemain d’une élection éprouvante en pleine pandémie. Et les boys rentrent à la maison. 

Poursuivant l’engagement de son prédécesseur, le président américain accélère le retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Il restait quelque 2.500 militaires sur le terrain, la moitié aurait déjà été évacuée. Date butoir : le 11 septembre prochain – le 11 septembre, 20 ans tout juste après les attentats qui ont pétrifié les Etats-Unis et le monde occidental et, par ricochets, mis le Moyen Orient à feu et à sang. Le symbole est lourd et il est terrible – la retraite, sinon la défaite des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN, 20 ans d’une guerre inutile, avec ses milliers de victimes civiles et militaires, son coût astronomique, sa corruption galopante, des décennies d’affrontement entre les Occidentaux et les mouvements islamistes, encouragés jadis à chasser les Soviétiques de ce pays somptueux et imprenable, le seul à avoir résisté en son temps à l’Empire Britannique. 

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Curieusement, dans les capitales concernées, ce retrait n’alimente aucun débat, aucune polémique, même pas à Washington où la controverse porte essentiellement sur le sort des quelque 18.000 Afghans – interprètes, chauffeurs, indicateurs – auxquels les autorités ont promis l’asile aux États-Unis sans l’organiser de façon efficace. 

Sur le terrain, les Talibans sont de retour, ils contrôlent déjà le tiers du pays, tandis que Daech, l’Etat Islamique, reprend des forces dans ce nouveau sanctuaire, ciblant écoles et hôpitaux à coup d’attentats sanglants. Le gouvernement central à Kaboul est impuissant, la société exsangue sous le coup de la pauvreté et de la pandémie, et les femmes sont les premières victimes de ce chaos comme, de génération en génération, elles l’ont été de la guerre. 

Quels sont les craintes et les espoirs de la population ? Faut-il s’attendre, dans les semaines ou les mois à venir, à un effondrement du pays, à la militarisation accrue des différentes ethnies, à une guerre civile ? Quels rapports de force entre les Talibans et Daech? Quel impact au niveau régional ? Quel est le rôle du Pakistan, du Qatar ? Et quelles leçons pour les États-Unis et leurs alliés au moment où l’axe géopolitique du monde bascule vers l’Asie ?

Christine Ockrent reçoit Nassim Majidi, co-fondatrice/directrice de Samuel Hall, un centre de recherche basé à Kaboul (organisation à but social qui forme des chercheurs afghans et qui soutient l’action humanitaire/développement dans le pays). 

Gilles Dorronsoro, professeur de science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur du programme européen ERC Social Dynamics of Civil Wars, auteur de “Le gouvernement transnational de l’Afghanistan, une si prévisible défaite” (Karthala, 2021). 

Jean-François Daguzan, vice-président de l’Institut Choiseul, auteur de « Les armées du Moyen-Orient face à Daesh », avec Stéphane Valter (Editions Eska, 2016). 

Olivier-Remy Bel, chercheur associé à l’Atlantic Council, auteur d’un rapport sur la relation de défense franco-américaine, disponible sur le site de l’Atlantic Council. 

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