Grande figure de la gauche israélienne, ministre de la Défense, deux fois Premier ministre, puis Président et prix Nobel de la paix après les accords d'Oslo de 1993, Shimon Peres s'est éteint à 93 ans, des suites d'un accident vasculaire cérébral. Christine Ockrent l'avait rencontré en 2013.
- Shimon Peres Président d'Israël
"A Jérusalem, depuis quelques jours déjà, les drapeaux français claquent au vent. François Hollande y part demain en visite officielle - là-bas, l'accueil promet d'être chaleureux. Au-delà de l'exercice d'équilibrisme traditionnel entre intérêts israéliens et susceptibilités palestiniennes, la France est vue encore une fois comme le meilleur ami et allié par défaut - celui qui ressurgit quand Washington apparaît vacillant. L'Iran nucléaire, la colonisation, l'interminable processus de paix, le chaos arabe alentour : une fois de plus, Israël reflète toutes les anxiétés, la complexité du Moyen-Orient en même temps que ses propres contradictions. Jeudi dernier, à Jérusalem, j'ai pu rencontrer un Israélien, un homme de 90 ans qui observe les temps longs de l'Histoire avec l'optimisme de la jeunesse."
Christine Ockrent
Extraits des propos de celui considéré comme le père des accords d'Oslo :
"Le processus de paix est le plus important, car il ne dépend que de nous. Il nous apportera de réelles opportunités, de réelles capacités.
Le passé n'est pas une chose permanente, immanente. Et il en va de même de l'opinion publique. Tout peut bouger. Et si vous me montrez où est la gauche, où est la droite israélienne, je répondrai à votre question. Je ne sais pas si Dieu est de droite ou de gauche.
A mes yeux, le Proche-Orient n'est plus un enjeu stratégique pour la planète. D'abord parce que ce n'est pas là que se trouve l'essentiel des réserves de pétrole et de gaz. Les États-Unis en ont plus que toute la région. Et la crise du choc pétrolier ne va pas se reproduire. Et puis, au-delà de cela, que représente le monde musulman ? 1,5 milliard de personnes sur les 7 milliards de la planète. Malheureusement, bien souvent, les états musulmans sont dans une bien mauvaise passe, et la misère est le terreau de la terreur. Et bien sûr, on aimerait bien dépasser ces problèmes. Mais lorsque vous êtes piqués par des moustiques, vous n'allez pas essayer de tuer les moustiques à coup de revolver un par un. Ce que l'on essaye de faire c'est d’assécher le marécage d'où ils viennent !
Entre la France et Israël, il y a des relations extrêmement profondes. Dans ce pays, personne n'oubliera jamais le rôle de la France pendant une période extrêmement cruciale : rappelez vous que la France a tenu tête à la troïka."
La chronique de Courrier International par Eric Chol
Émission préparée avec la participation des documentalistes de la documentation d'Actualité de Radio France.
Traduction simultanée de Robert Wolfenstein
**Écoutez aussi : Shimon Peres dans l'intimité (Les Matins)
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