Suite au retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran signé en 2015, quels sont les enjeux géopolitiques et régionaux?
- Anthony Blinken Ancien secrétaire d'État adjoint des États-Unis de 2015 à 2017 durant la présidence de Barack Obama, directeur du Centre Penn Biden de diplomatie, analyste pour CNN et éditorialiste au New York Times.
- Marie-Claire Aoun Enseignante à l’université Paris Dauphine, responsable des relations institutionnelles de Teréga, opérateur d’infrastructures de gaz en France, ancienne Directrice du centre Energie de l’Ifri
- Clément Therme Chargé de cours à l’université Paul-Valery de Montpellier
- Benjamin Hautecouverture Maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique
- Denis Charbit Spécialiste du sionisme, et professeur de sciences politiques à la Faculté des Sciences humaines de l'Open University d'Israël
Avec Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), spécialiste des questions de sécurité internationale, de prolifération des armes de destruction massive et de dissuasion
Tony Blinken, ancien secrétaire d'État adjoint des États-Unis de 2015 à 2017 durant la présidence de Barack Obama, directeur du Centre Biden de diplomatie, éditorialiste à CNN et au NYT. (interview pré-enregistrée)
Depuis Tel Aviv, Clément Therme, Chercheur à l' International Institute for Strategic Studies (IISS). Il a dirigé avec Erik Burgos, le dossier, "Moyen-Orient : le pivot russe" pour la revue Confluences Méditerranée, n° 104, publié en avril 2018 chez L'Harmattan et il a publié Les relations entre Téhéran et Moscou depuis 1979 (aux éditions PUF et Institut universitaire de hautes études, internationales et du développement de Genève, en 2012 et 2015). Il a aussi préfacé l’ouvrage de Lélia Rousselet, Négocier l'atome : les Etats-Unis et les négociations de l'accord sur le nucléaire iranien, publié en 2017 aux éditions de l'Harmattan.
Depuis Tel Aviv, Denis Charbit, Maître de conférences au département de sociologie, science politique et communication à l ’Université ouverte d'Israël. Il a publié Israël et ses paradoxes : idées reçues sur un pays qui attise les passions aux Editions le Cavalier bleu, nouvelle édition 2018.
Marie-Claire Aoun, Enseignante à l’ université Paris Dauphine, responsable des relations institutionnelles de Teréga, opérateur d’infrastructures de gaz en France (par téléphone)
Quelle est la crédibilité de Donald Trump pour négocier avec la Corée du Nord ?
La revue de presse d' Eric Chol de Courrier International
En retirant les Etats Unis de l’accord nucléaire signé avec l’Iran, Donald Trump ne court-il pas le risque de faire échouer les prochaines négociations avec la Corée du Nord ?
C’est la question que tout le monde se pose depuis que Donald Trump a annoncé cette sortie de l’accord iranien. Mais comment peut-il d’un côté déchirer de façon unilatérale un texte signé avec l’Iran, destiné à mettre fin à son programme nucléaire, et de l’autre se répandre sur Twitter et dans les médias pour affirmer qu’il souhaite conclure un deal historique pour dénucléariser la Corée du Nord ?
Comme l’écrit le Washington Post,
"c’était déjà compliqué de vouloir parvenir à un accord susceptible de satisfaire Trump et Kim Jong-Un, la mission va être désormais encore plus ardue".
Mais, selon le journal, ce revirement des Etats-Unis ne devrait pourtant rien changer dans la détermination de Kim Jong-Un. Rappelons que celui-ci poursuit le même objectif que celui que l’Iran avait atteint, c’est-à-dire obtenir la levée des sanctions qui étranglent l’économie nord-coréenne. Surtout, les dignitaires de Pyongyang ont appris à connaître Donald Trump : ils ont lu son livre L’art du deal, poursuit le Washington Post, et ils ont compris que c’était là sa vision de la fonction présidentielle ; Donald Trump est persuadé être le seul à pouvoir mener une bonne négociation. C’est pourquoi, selon les Nord-coréens, l’accord auquel Donald Trump parviendra avec eux, quel qu’il soit, sera à ses yeux un bon accord ; inversement, l’accord avec l’Iran était forcément un mauvais accord.
Cela signifie-t-il que ce retrait de l’accord avec l’Iran ne changera rien pour la Corée du Nord ?
Selon le journaliste Gregory Korte du quotidien USA Today, on pourrait penser à première vue que ce retrait américain devrait miner la crédibilité des Etats-Unis aux yeux de la Corée du Nord, mais en réalité les responsables Nord Coréens savent déjà qu’il n’y a aucune stabilité dans le système politique américain.
Ils en ont d’ailleurs fait eux même l’expérience, raconte le journal, qui rappelle qu’un accord avait déjà été négocié entre Pyongyang et Washington en 1994 - c’était alors avec l’administration Clinton ; un texte qui pas survécu à l’arrivée de George W Bush au pouvoir en 2000. Selon USA Today :
"L’accord s’est effondré en partie à cause des provocations de la Corée du Nord, mais aussi parce que les Etats-Unis n’ont pas donné corps à la promesse d’aider les Nord Coréens à développer l’énergie nucléaire dans un but pacifique".
Cette instabilité politique aux Etats-Unis n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour la Corée du Nord, poursuit le journal :
"De la même façon que l’Iran vient d’apprendre qu’un président américain pouvait ne pas garder en vigueur un accord décidé par son prédécesseur, Téhéran comme Pyongyang peuvent spéculer sur le fait que le prochain président des Etats-Unis pourrait leur offrir un meilleur deal".
Quant à Donald Trump, il s’est peut-être trompé sur le sens du message qu’il a voulu adresser à l’Asie le 8 mai dernier. Selon le New York Times, s’il pensait montrer à la Corée du Nord qu’elle devait s’attendre à une négociation très dure, son geste n’a pas été bien perçu par les experts de l’Asie, qui l’ont plutôt vu comme une façon d’hypothéquer les chances de succès du sommet de Singapour, le 12 juin prochain.
Car le vrai signal envoyé par Donald Trump, c’est surtout celui d’un partenaire à qui on ne peut pas faire confiance, résume le New York Times. Et le journal poursuit : Donald Trump est connu pour son impatience. Et certains experts prédisent que Kim Jong-Un pourrait prétexter sa sortie de l’accord iranien pour proposer des concessions superficielles et de court terme, en arguant qu’on ne peut pas faire confiance aux Etats-Unis pour conclure un accord sur une longue durée.
L'équipe
- Production
- Réalisation