OTAN : leur premier sommet

Logo de l'OTAN / E. Macron portrait de 2014 (Bercy)/ D. Trump portrait officiel par Doug Coulter
Logo de l'OTAN / E. Macron portrait de 2014 (Bercy)/ D. Trump portrait officiel par Doug Coulter - Wilicommons/OTAN/Ministère de l'Economie et des Finances français/White House
Logo de l'OTAN / E. Macron portrait de 2014 (Bercy)/ D. Trump portrait officiel par Doug Coulter - Wilicommons/OTAN/Ministère de l'Economie et des Finances français/White House
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Le 25 mai prochain, l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord se réunit en sommet à Bruxelles, ce sera une première pour Emmanuel Macron et pour Donald Trump qui n'est pas venu en Europe depuis son investiture. A l'approche de ce sommet très politique, quels en sont les facettes et les enjeux ?

Avec
  • Anthony Blinken Ancien secrétaire d'État adjoint des États-Unis de 2015 à 2017 durant la présidence de Barack Obama, directeur du Centre Penn Biden de diplomatie, analyste pour CNN et éditorialiste au New York Times.
  • Bruno Tertrais Politologue
  • Thierry Berthier Maître de conférences en mathématiques à l’Université de Limoges et chercheur en cyberdéfense et cybersécurité
  • Corentin Brustlein Directeur du Centre des études de sécurité et du programme « Dissuasion et prolifération » à l’Institut français des relations internationales (IFRI).

La conjoncture ne saurait être meilleure pour le président français qui suscite beaucoup de curiosité et d'attentes de la part de la communauté internationale et elle ne saurait être pire pour le président américain, englué dans une série de scandales qui alimentent de plus en plus de doutes sur sa compétence, sinon sa légitimité à assumer ses fonctions. Les menaces évoluent dans le cyberespace, comme sur le front du terrorisme.

L'OTAN cherche à se réinventer : quel sera le nouveau discours de la France ? Les alliés souscriront-t-il aux demandes américaines d'assumer davantage les charges militaires et financières ? Alors que les ambitions du Kremlin continuent d'inquiéter au nord et à lest, feront-ils confiance à un partenaire qui partage avec Moscou des renseignements de haute sécurité ? Comment gérer par ailleurs les prétentions du président turc Erdogan dans les relations avec Berlin sont devenues exécrables ?

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Autour de Christine Ockrent :

Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. Il vient de publier La revanche de l’Histoire, chez Odile Jacob.

Corentin Brustlein, Chercheur, Responsable du Centre des études de sécurité de l**'Ifri** (l'Institut français des relations internationales) et du programme Dissuasion et prolifération

et par téléphone Tony Blinken, ancien secrétaire d'État adjoint des États-Unis de 2015 à 2017 durant la présidence de Barack Obama, directeur du Centre Penn Biden de diplomatie, analyste pour CNN et éditorialiste au New York Times.

En duplex depuis France Bleu Limousin, Thierry Berthier, en mathématiques à l’Université de Limoges, Chaire GCAC (Gestion des conflits et de l’après-conflit, Université de Limoges), membre de la Chaire de cyberdéfense et cybersécurité Saint-Cyr Sogeti Thales, Chaire de cyberdéfense et cybersécurité Saint-Cyr (CREC Saint-Cyr). Il contribue notamment au Huffington Post et à Diplowebetà The Conversation (son dernier article porte sur les Macronleaks)Il vient de publier l'article "Cyber-renseignement. Vers une lutte d’intelligences artificielles" dans le hors série "Géopolitique du renseignement" de la Revue DIPLOMATIE (avril-mai 2017).

B. Tertrais "La Revanche de l'histoire" / Revue Diplomatie, hors série "Géopolitique du Renseignement"/ Courrier International, N° 1385 DU 18 MAI 2017
B. Tertrais "La Revanche de l'histoire" / Revue Diplomatie, hors série "Géopolitique du Renseignement"/ Courrier International, N° 1385 DU 18 MAI 2017
- Odile Jacob/Diplomatie/ Courrier International

La chronique d'Eric Chol de Courrier International

Eric Chol, Directeur de la rédaction de Courrier International.

La phrase de Donald Trump, qualifiant l’Otan d’organisation « obsolète » continue de faire des vagues : il y a dans la presse américaine un débat qui oppose les partisans de la disparition de l’Otan dans sa forme actuelle et au contraire ceux qui militent pour son maintien.

Dans le premier camp, on trouve Jolyon Howorth. Ce professeur de relations internationales à l’université de Yale explique dans une tribune parue sur le site Yaleglobal Online que l’Otan est habituée depuis sa naissance à se réinventer, et elle va devoir se préparer à se passer des Etats-Unis. Pour mieux justifier le besoin de repenser une nouvelle fois l’Otan et imaginer une 6eme transformation de l’organisation, l’auteur cite Paul Valéry :

« le problème de notre temps est que le futur n’est plus ce qu’il a été »

Pourquoi sixième transformation ? L’Alliance atlantique, explique Jolyon Howorth, a déjà muté à cinq reprises: « une première fois au début des années 90, écrit-il, avec la fin de la guerre froide, quand on pronostiquait sa fin imminente » : à l’époque, l’Otan a survécu, en devenant une agence des relations transatlantiques de haut niveau. L’auteur passe en revue les chocs géopolitiques qui ont conduit l’Otan a changer de rôle: la guerre des Balkans, la fin du pacte de Varsovie, le 11 septembre 2001, l’intervention en Afghanistan… Et il en arrive à la situation actuelle de l’Europe, qui nécessite, nous dit-il une nouvelle métamorphose, qui prendrait la forme d’un désengagement progressif des Etats-Unis. Jolyon Howorth plaide pour une « européanistation de l’Otan » au cours de la prochaine décennie, ce qui permettrait aux Etats-Unis de réduire leur présence au sein de l’Alliance et de se concentrer sur des défis stratégiques ailleurs dans le monde.

« Après tout, conclut le professeur de Yale, il faut se souvenir de Eisenhower qui avait a dit lors de création de l’Otan en 1949 : si on a toujours besoin d‘elle dans 10 ans, c’est qu’elle aura échoué dans sa mission ».

Pour Jolyon Howorth, en 2029, à l’occasion de son 80eme anniversaire, l’Otan pourrait déclarer mission accomplie.

Le point de vue inverse est défendu dans la presse américaine notamment par un scientifique, Thomas Levenson du Massachussets Institute of Technology.

Il a publié une tribune dans le journal le Boston Globe. Et son approche est intéressante: Thomas Levenson montre à quel point l’Otan a su développer au fil des années une mise en commun des process, des pratiques, des connaissances, permettant aux alliés de l’Otan de travailler ensemble, avec des systèmes d’armements interchangeables ou inter-opérables. L’auteur cite l’exemple du développement d’une balle de 5,6 centimètres de long, 5,7 millimètres de diamètre et de 12,3 grammes : « depuis que les membres de l’Otan se sont mis d’accord dans les années 80 pour utiliser ce type de cartouche, écrit-il, elle est devenue l’une des munitions les plus répandues dans le monde ». Or c’est précisément tout ce travail commun qui pourrait être remis en cause. « Le débat sur l’avenir de l’Otan se concentre sur la sécurité internationale, remarque-il : mais au delà de question stratégiques, il y a celle de l’efficacité : comment différents pays pourraient-ils utiliser des armes qui ne tirent pas selon les standards de l’Otan ? s’interroge Thomas Levenson. Et sa tribune sonne comme un avertissement :

« Le fait de reconnaître ce qui est vraiment indispensable pour bâtir des collaborations complexes permet de prendre conscience de tout ce qu’on a à perdre », nous dit l’auteur.

Pour prolonger :

- le site EchoRadar, site d'analyse stratégique fondé par une dizaine d'experts civils et militaires dont Olivier Kempf et Thierry Berthier.

- Thierry Berthier publie prochainement avec Olivier Kempf, un article qui analyse l'hypothèse de dérive malveillante d'une intelligence artificielle et propose un scénario de mise en résonance de certains mécanismes mis en place par l'OTAN et la DARPA (Agence de recherche en technologie de défense US) dans la revue de Gendarmerie Nationale dans le hors série - "Robot - Intelligence Artificielle" de juin-juillet 2017.

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