Alors que le G5 Sahel a lieu au Tchad les 15 et 16 février prochain, quelle sera l'évolution des opérations françaises dans la région ?
- Niagalé Bagayoko Docteure en science politique, diplômée de l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris et spécialiste des politiques internationales de sécurité et de la réforme des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest
- Thierry Lebel Hydro-Climatologue, directeur de recherche à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, membre du bureau du Comité National Français sur les Changements Globaux (CNFCG)
- Bruno Tertrais Politologue
- Thierry Vircoulon Coordinateur de l’Observatoire de l’Afrique centrale et orientale à l’IFRI
Crise sanitaire oblige, Emmanuel Macron n’ira pas au Tchad lundi pour un sommet consacré à la situation au Sahel avec les dirigeants des cinq pays africains concernés - la réunion se tiendra par visio-conférence. Une réunion importante puisque le président français devrait préciser les ajustements qu’il entend imprimer à l’opération Barkhane, à l’effort militaire consenti depuis 7 ans pour tenter d’endiguer la vague islamiste dans cet immense territoire, vaste comme l’Europe.
Un scénario à trois piliers
Un effort coûteux en vies humaines et en moyens financiers, de moins en moins soutenu par l’opinion publique, et qui s’enlise sur le terrain en décomposition d’états faillis, incapables de pourvoir aux besoins de populations en déshérence, exposées aux violences, à la faim, à la pandémie et à la désertification.
Le discours officiel insiste sur des succès tactiques sur le plan militaire face à des mouvements djihadistes qui se battent aussi entre eux, sur la participation accrue de certains partenaires européens, sur le message d’encouragement que doit adresser mardi le secrétaire d’état américain. On insiste désormais sur un scénario élargi à trois piliers, les 3 D, évoqué ces jours-ci lors des auditions parlementaires : D comme défense, mais aussi développement et diplomatie. On pourrait en ajouter un 4ème : D comme dilemme - la France est engagée dans une guerre qu’elle ne saurait perdre mais qu’elle ne peut gagner.
Comme dans le cas de l’Afghanistan et d’autres conflits asymétriques contemporains, les méthodes et les moyens engagés au Sahel par la France et par la communauté internationale paraissent inadéquats. Quelles erreurs d’analyse ont donc été commises ? Comment reconstruire des modes de gouvernance mieux à même de résister au projet islamiste et de correspondre aux particularismes locaux ? Dans quel état sont les partenaires régionaux ?
Jusqu’où le réchauffement climatique, l’explosion démographique, les mouvements migratoires internes mais aussi la corruption ajoutent-ils aux vulnérabilités ? Quel est le jeu de la Russie, de la Chine, mais aussi de la Turquie, promptes à alimenter la colère anti-française ?
Christine Ockrent reçoit Niagalé Bagayoko, politologue, présidente de l’African Security Sector Network, Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l'Institut Français des Relations internationales, auteur d’une analyse sur « les leçons oubliées de l’échec afghan » pour le journal « Le Point », Thierry Lebel, hydroclimatologue, directeur de Recherche à l’Institut des Géosciences de l’Environnement de Grenoble, qui participe à l’ouvrage « Climate Changes : What challenges for the South » (IRD, 2020) et Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, auteur du « Choc démographique » (Odile Jacob, février 2020).
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