Le verdict d'Eyad al-Gharib tombe le 24 février prochain : accusé de complicité de crime contre l'humanité, c'est le premier procès lié à des exactions commises par le régime Assad.
- Karim Emile Bitar Professeur à l'Ecole normale supérieure de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, spécialiste du Proche et Moyen-Orient.
- Clémence Bectarte Avocate, coordinatrice du groupe d'action judiciaire de la FIDH et co-présidente de la coalition française pour la CPI
- Justine Augier Écrivaine et essayiste
- Jean-Pierre Filiu Professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain
- Bayram Balci Directeur de l'Institut français d'études anatoliennes à Istanbul, chercheur au CERI-Sciences Po
C’est un procès hors normes, un procès historique dont on connaitra le verdict mercredi prochain, le premier qui qualifiera de crimes contre l’humanité les exactions commises par le régime de Bachar el-Assad, maître de la Syrie ou de ce qu’il en reste.
Seul dictateur toujours en place
Le 24 février, la Haute Cour régionale de justice de Coblence, en Allemagne, décidera du sort d’un réfugié syrien, autrefois responsable d’un centre de tortures à Damas, tandis que se poursuit le procès de son supérieur, un ancien colonel de la sûreté de l’État, lui aussi réfugié à Berlin et reconnu par hasard dans un grand magasin, il y a deux ans, par l’une de ses victimes.
Au-delà de ces individus, ce sera l’aboutissement des efforts de Syriens exilés soutenus par plusieurs ONG pour dénoncer le système de terreur à Damas, c’est aussi la concrétisation d’une nouvelle forme de justice internationale promue dans des pays comme l’Allemagne et la France au nom du principe de compétence universelle alors que la Cour Internationale de Justice de la Haye, dont c’est la vocation, reste paralysée par le veto de la Russie, puissante protectrice du régime de Damas.
Bachar el-Assad est le seul dictateur toujours en place dix ans après les secousses des printemps arabes. Dix ans durant lesquels les Syriens ont fui leur pays par millions, un pays dévasté, passé sous la domination de l’Iran, de la Russie et plus récemment de la Turquie, au nord. Le Liban voisin, longtemps sous sa coupe, est exsangue. Comment le régime syrien tient-il encore, qui a la main dans le jeu des grandes puissances régionales, pourquoi une telle indifférence en Europe, qu’attendre de la nouvelle administration à Washington au moment où elle renoue le dialogue avec Téhéran ?
Christine Ockrent reçoit Clémence Bectarte, avocate pour la Fédération internationale des droits de l’Homme et pour des ONG et victimes syriennes, Justine Augier, écrivaine, autrice de « De l'ardeur » (Actes Sud, Prix Renaudot 2017) et « Par une espèce de miracle » (Actes Sud, 2021), Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire à Sciences Po (Paris), auteur d’ « Algérie, la nouvelle indépendance » (Points, 18 février 2021), Karim Emile Bitar, professeur de Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Bayram Balci, directeur de l'Institut français d'études anatoliennes à Istanbul.
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