Taïwan, Ukraine : l’engagement américain

Quand Joe Biden s’écarte d’un discours calibré au mot près par ses collaborateurs, personne ne s’en étonne – c’est un travers ancien aggravé par l’âge, disent ses détracteurs, la rançon de sa sincérité affirment ses partisans. Mais quand lundi 23 mai, à Tokyo, lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre japonais, le président américain confirme le soutien militaire de son pays à Taiwan en cas d’agression, associant le cas de l’île à celui de l’Ukraine, c’est toute une tradition de prudence diplomatique et de précautions sémantiques qui s’effondre.

Confrontation à vif

Anthony Blinken est revenu à la charge, jeudi 26 mai, affirmant que ce n’est pas la politique américaine qui a changé, mais bien la coercition croissante exercée par la Chine sur l’île de Formose et que le risque le plus sérieux de remise en cause de l’ordre international vient de Pékin.

La confrontation entre Washington et Pékin est désormais à vif, elle se déroule à ciel ouvert sur plusieurs fronts à la fois, militaires, économiques, technologiques. Quelles sont donc les réactions à Taipei ? Méfiance ou soulagement ? La comparaison avec la situation de l’Ukraine paraît-elle pertinente ? Washington resserre ses liens avec le Japon, qui est en première ligne, de nouveaux accords régionaux sont proposés pour contrecarrer l’emprise chinoise, tandis que Pékin poursuit son offensive de charme auprès des îles de l’Indo-Pacifique.

Coalition contre coalition, comment les pays de l’Asie du Sud-Est réagissent-ils ? Vu de cette partie du monde, en pleine expansion démographique et économique, quel est l’impact de la guerre en Ukraine, quelles leçons pour Pékin au-delà des ambitions partagées de Xi Jinping et de Vladimir Poutine de défaire l’ordre occidental ?