Tunisie : vers un présidentialisme

Des agents de sécurité tunisiens retiennent les partisans du président Kais Saied, à Tunis le 26 juillet 2021.
Des agents de sécurité tunisiens retiennent les partisans du président Kais Saied, à Tunis le 26 juillet 2021. ©AFP - FETHI BELAID
Des agents de sécurité tunisiens retiennent les partisans du président Kais Saied, à Tunis le 26 juillet 2021. ©AFP - FETHI BELAID
Des agents de sécurité tunisiens retiennent les partisans du président Kais Saied, à Tunis le 26 juillet 2021. ©AFP - FETHI BELAID
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Qu'attendre de la nouvelle cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, alors que le président, Kaïs Saïed, resserre le pouvoir sur lui-même ?

Avec
  • Khadija Mohsen-Finan Enseignante à Paris I, spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes, membre fondateur d’Orient XXI
  • Sophie Bessis Historienne, spécialiste de l'Afrique subsaharienne et du Maghreb
  • Hèla Yousfi Maître de conférences en sociologie des organisations à l'Université Paris Dauphine, vice-présidente du Cercle des Economistes Arabes.
  • Hasni Abidi directeur du Centre d'Etudes et de Recherche sur le Monde Arabe et Méditerranéen, à Genève

C’est une première dans le monde arabe : une femme vient d’être nommée à la tête du gouvernement en Tunisie. Najla Bouden est géologue de formation, une parfaite inconnue en politique, et sa qualité principale serait une loyauté absolue envers le Président Kaïs Saïed. 

Lutte idéologique

Élu en 2019, ce conservateur, ancien professeur de droit, qui avait juré fidélité à la Constitution, l’a suspendue l’été dernier, limogé le  gouvernement et s’est octroyé tous les pouvoirs. Après 23 ans de régime  autoritaire, et 10 gouvernements en 10 ans depuis la révolution de 2011, la Tunisie est-elle en train de renouer avec le présidentialisme ? 

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Les Tunisiens sont fatigués. Fatigués de la corruption, de l’inflation, fatigués du chômage endémique qui ronge la jeunesse et la pousse à  risquer sa vie en Méditerranée sur des canots pneumatiques, fatigués  d’un débat politique paralysé par la lutte idéologique entre islamistes  et laïques. Les fractures se creusent au sein de la société tunisienne. 

L’économie est pantelante, plombée par la dette, et les bailleurs  occidentaux, à commencer par le FMI, sont réticents d’autant que le  palais de Carthage n’annonce aucun programme de réformes. La Tunisie  risque-t-elle une banqueroute à la libanaise? Le président reste  populaire. Au delà du discours exaltant le peuple et la révolution en  même temps que Dieu et le Coran, l’autocratie est-elle de retour ? 

Faut-il y voir un échec de l’islam politique au profit d’un populisme  teinté de religion ? Comment évolue l’opinion publique ? Quels enjeux au  niveau régional au moment où la Libye s’enlise dans le chaos, où les  tensions s’aggravent entre l’Algérie et le Maroc, où l’Egypte, l’Arabie  Saoudite et les Emirats affichent leur soutien à Tunis ? Quelle est aujourd’hui l’influence de la France ?

Christine Ockrent reçoit Hèla Yousfi, maîtresse de conférences à l’Université Paris Dauphine, autrice du livre L'UGTT, une passion tunisienne : enquête sur les syndicalistes en révolution (Karthala, novembre 2015).

Khadija Mohsen-Finan, politologu, enseignante au département des relations internationales à Paris I, spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes, membre fondateur du média en ligne Orient XXI, autrice de Tunisie, l'apprentissage de la démocratie : 2011-2021 (Nouveau Monde Editions, janvier 2021) 

Hasni Abidi, politologue spécialiste du monde arabe, chargé de cours à l’Université de Genève, directeur de l’ouvrage Le Moyen-Orient selon Joe Biden (Editions Erick Bonnier, avril 2021)

Sophie Bessis, historienne, spécialiste de l'Afrique subsaharienne et du Maghreb, autrice de L'Occident et les autres : histoire d'une suprématie (La Découverte, février 2020).