En exclusivité pour France Culture, la 67e secrétaire d'État sous l'administration Obama a accordé un long entretien à Christine Ockrent. Elle revient sur ce qui bouscule l'actualité internationale.
- Bruno Tertrais Politologue
- Hillary Clinton Femme politique états-unienne
Elle n’a pas réussi à devenir la première femme présidente des États-Unis, mais son nom, et son prénom, conservent, pour qui s’intéresse à la géopolitique, une résonance singulière. Hillary Clinton était de passage à Paris, pour France Culture, elle a accepté de livrer son analyse des dossiers les plus graves du moment, à commencer bien-sûr par la guerre en Ukraine.
"La guerre en Ukraine est une crise existentielle pour la liberté en Europe"
Une guerre qui, selon l'ancienne secrétaire d'État des États-Unis, ne menace pas simplement l'Ukraine : "De mon point de vue, c’est une crise existentielle pour l’Ukraine, mais aussi pour la liberté et l’intégrité territoriale de l’Europe". Elle réaffirme sa volonté de "retrait total des troupes russes en Ukraine".
Première dame des États-Unis de 1993 à 2001 pendant les huit années mouvementées de la présidence de Bill, son mari, sénatrice démocrate de l’état de New York pendant les huit années suivantes, elle perd la nomination de son parti pour la présidentielle de 2008 au profit de Barack Obama, mais accepte à ses côtés de diriger la diplomatie américaine de 2009 à 2012.
Afghanistan, Iran, Corée du Nord, Libye, Birmanie – Hillary Clinton a fait face à plusieurs des crises dont on voit aujourd’hui encore les rebondissements, ferraillant en particulier sur les dossiers nucléaires, dont la menace rode autour de l’Ukraine, avec un certain Sergueï Lavrov, son homologue auprès de Vladimir Poutine.
Poutine, ou l'obsession de la "domination sur les pays du voisinage immédiat"
À son sujet, Hillary Clinton déclare : "Poutine a toujours eu une vision messianique et narcissique de lui-même : c’est un homme pour qui l’effondrement de l’Union soviétique a été l’une des plus grandes catastrophes de l’Histoire." Selon elle, le leader du Kremlin souhaitait déjà, à l'époque, "avoir une grande influence" et exercer "une domination sur les pays du voisinage immédiat, et pour certaines régions en Biélorussie, en Géorgie, en Ukraine, les réabsorber, parce qu’il ne les considère pas comme des États légitimes et indépendants."
Candidate à la présidentielle de 2016, elle perd face à Donald Trump dont on vérifie aujourd’hui encore l’emprise sur le parti républicain – la commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 siège à Washington depuis jeudi 9 juin. La diffusion des témoignages sur l’implication directe de l’ancien président est accablante.
Elle revient aussi sur la Chine, l'autre puissance qui fait face aux États-Unis. "Le renouveau nationaliste prôné par Xi Jinping, et le développement tout à fait délibéré de bases militaires et points stratégiques dans tout le sud de la mer de Chine et en Afrique, indiquent qu’ils représentent clairement une menace économique, mais aussi une menace militaire", explique Hillary Clinton. Et l'ancienne première dame de déclarer : "Il est temps que les gens en prennent conscience."
Pour analyser les propos de l’ancienne secrétaire d’État par rapport à l’évolution de la politique étrangère américaine sur les principaux dossiers, Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, intervient au cours de l'émission.
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