Artistes et savants musulmans : face aux interdits religieux, le rôle des politiques

Tewfik Hakem s’entretient avec Faouzia Charfi, qui publie L'Islam et la science (éd. Odile Jacob), Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l'Islam du Musée du Louvre, commissaire générale de l'exposition Les Arts de l'Islam. Un passé pour un présent du 20 novembre au 27 mars 2022, et Leili Anvar, pour sa traduction de Leyli et Majnûn du poète persan Jâmi (éd. Diane de Selliers).

Dans son essai L'Islam et la science : en finir avec les compromis (Odile Jacob), Faouzia Charfi nous propose de revisiter l'histoire des sciences en pays d'islam. Une histoire commencée sous le signe de l'ouverture à l'autre avec le vaste mouvement de traduction des textes anciens inauguré  au VIIIe siècle, et qui a bifurqué dès le XIe siècle, quand la science s'est vue assujettie à des fins pratiques et religieuses.

Aujourd'hui ça n'est pas la science qui apparaît en premier quand on parle des pays d'Islam, alors qu'elle a été au devant de la scène à partir du IVème siècle. Faouzia Charfi

Le mouvement réformiste musulman au XIXe siècle aurait pu rebattre les cartes, mais il a échoué, faisant le lit du projet ambigu d'islamisation de la connaissance.

Dans les pays d'Islam, on se rend compte qu'il faut revenir à la science. Mais la réformistes qui tentent de changer l'enseignement n'ont pas prôné un retour de la science dans toute sa dimension. Il y avait nécessairement accord entre la science et la religion. Faouzia Charfi

Depuis sa création en 2012, le département des Arts de l’Islam du Louvre offre au public une immersion au sein des cultures islamiques et révèle l’importance des échanges anciens et étroits tissés entre la France et l’Orient. Dans cette perspective, l'exposition Arts de l’Islam, Un passé pour un présent présente du 20 novembre 2021 au 27 mars 2022, à travers 18 villes de France, le témoignage des œuvres qui illustrent la diversité culturelle et confessionnelle au sein du monde islamique depuis treize siècles.

L'objectif de notre département, c'est d'inscrire cette civilisation au cœur d'un musée universel, et sur le plan national, de lutter contre la fracture sociale. Yannick Lintz

C'est un pas de côté qui s'inscrit dans une continuité de14 siècles, et qui montre que l'art islamique n'est pas un art religieux. C'est une part du patrimoine français. Yannick Lintz

Leili Anvar offre à l’œuvre de Jâmi une nouvelle traduction aux éditions Diane de Selliers qui revient sur les amours contrariées de Qays et de sa cousine Layla, deux enfants du désert d'Arabie, histoire légendaire dans tout le monde musulman.

Jâmi était à la fois un poète, un théologien, un savant, un soufi... Il a englobé toutes les sciences de son temps et en a rendu compte dans de très grands poèmes d'amour. Il s'est rendu compte que toute la science du monde ne sert pas à comprendre ce qui fait le cœur de notre humanité : l'expérience de l'amour. Leili Anvar

Programmation musicale

Yusuf Islam - Tala al Badru 'Alayna (2004)

Sami Yusuf - Munajat (2005)