Les campagnes politiques font-elles de la bonne fiction ?

"Les Promesses", film réalisé par Thomas Kruithof, avec Isabelle Huppert.
"Les Promesses", film réalisé par Thomas Kruithof, avec Isabelle Huppert. - 24 25 Films
"Les Promesses", film réalisé par Thomas Kruithof, avec Isabelle Huppert. - 24 25 Films
"Les Promesses", film réalisé par Thomas Kruithof, avec Isabelle Huppert. - 24 25 Films
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Face à la crise politique actuelle, les fictions politiques tentent de livrer un portrait saisissant de notre société. Regards croisés sur un genre littéraire et cinématographique sans cesse questionné et actualisé.

Avec

Tewfik Hakem s'entretient avec le réalisateur Thomas Kruithof, pour la sortie de son nouveau film Les Promesses, le réalisateur Thomas Paulot, pour la diffusion de son premier film Municipale, l'auteur de romans noirs Jérôme Leroy, qui publie son dernier livre, Les derniers jours des fauves (éditions La Manufacture du livre) et Jean-Michel Frodon, historien et critique pour Slate.

La politique fiction, un genre renouvelé par les bouleversements sociétaux actuels

Passionné par la politique fiction, Thomas Kruithof a choisi de raconter, avec son dernier film Les Promesses, l'histoire d'une maire qui tente de sauver sa cité du 93, incarnée par Isabelle Huppert, à la veille des élections municipales.

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J'ai un intérêt pour la politique locale que je trouve assez méconnue au cinéma ou dans les séries. En découvrant la vie des maires sur le terrain, leur travail, mais aussi le rythme, l'énergie et l'intensité de la vie politique locale, j'ai eu envie de faire un film où l'enjeu n'est pas la conquête du pouvoir mais le rôle élémentaire de la politique, à savoir l'amélioration de la vie des gens qui vous ont élu(e). Thomas Kruithof

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Pour Jean-Michel Frodon, avec la situation actuelle, le roman et le cinéma sont dans le même état que le reste de la société. 

Le roman et le cinéma sont en train de réinterroger leurs manières de faire, on est arrivé à la fragilisation et à la réinterrogation de nos pratiques. On arrive à des films plus hybrides, l'exemple de Municipale est très pertinent et adapté, même si on peut lui trouver des affiliations dans l'histoire du cinéma. Il y a une autre question, celle des temporalités. Le cinéma n'a pas vocation à forcément réagir dans l'immédiat. Le problème de l'immédiat c'est d'abord le problème des journalistes et c'est éventuellement le problème de la télé-réalité. Le cinéma a fait des choses politiques passionnantes, où une part de l'importance tenait au délai, au décalage, au recul et non pas à être dans l'intensité. Ce n'est pas un interdit, on a droit de faire tous les films qu'on veut. Jean-Michel Frodon

Un genre capable de réinventer la politique 

Dans le premier film de Thomas Paulot, intitulé Municipale, le documentaire se mêle à la fiction avec l'arrivée du comédien Laurent Papot dans une petite ville des Ardennes qui va se présenter aux élections municipales, entraînant les habitants dans une fiction politique pour les inciter à la pratique de l'autogestion. Le réalisateur nous explique les raisons de ce projet atypique :

J'ai eu, dans un premier temps, une envie documentaire relativement classique, de voir le procédé d'une élection au plus proche et dans le plus petit dénominateur qu'est l'élection municipale, et, qui plus est, l'élection municipale d'une toute petite localité. (...) A ça s'est ajoutée la question de l'utilisation de la fiction et de ce candidat pour raconter ce film... c'est venu de plusieurs influences cinématographiques comme Route 1/USA de Robert Kramer, qui a été un révélateur de la possibilité d'utiliser un acteur comme outil documentaire. C'est pratique parce que ça crée un interlocuteur à des personnages de documentaire, ça répond à la problématique du documentariste qui cherche à savoir à qui parlent les protagonistes. Cela amène aussi une sorte de personnage allégorique qui vient dire autre chose, il n'est pas un simple réceptacle. Thomas Paulot

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Le roman noir politique, quand la fiction dépasse la réalité

Pour son dernier roman noir, Jérôme Leroy s'appuie sur le contexte politique et sanitaire actuel pour décrire un pouvoir politique lessivé à la veille des élections présidentielles à hauts risques. Pour autant, ce n'est pas un roman critique du quinquennat Macron. 

Ce qui m'intéresse, c'est de prendre une situation concrète et d'en faire un archétype. Ici je veux montrer comment les démocraties fonctionnent de manière de plus en plus formelle, d'où l'intérêt pour les élections municipales de la part des gens qui ont l'impression qu'il y a encore un champ des possibles au niveau local. Et, paradoxalement, comme cela fonctionne de manière formelle, c'est extrêmement violent : on n'hésite pas les manipulations, les intoxications, les dossiers à sortir... Jérôme Leroy

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