De la lutte contre le mal politique à l’acceptation de la mort, le travail de résistance aux "forces du mal" dans la saga "Harry Potter" prend des formes variées, et parfois ambivalentes.
- Sabine Delzescaux sociologue et maîtresse de conférence à l'université Paris-Dauphine-PSL
- Olga Danziger étudiante en histoire
Avec philosophie consacre cette série d'émissions à la saga Harry Potter, un univers porteur de questions philosophiques. Dans le premier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invitées questionnent les multiples visages du mal dans Harry Potter.
L'empathie au cœur de la résistance
Le traumatisme terrible des enfants comme des parents face à la mort de Cédric Diggory dans l'enceinte de l'école des Sorciers est fondamental dans la saga Harry Potter. Dumbledore répète ainsi à Harry que la douleur qu'il ressent depuis toujours, matérialisée par la cicatrice sur son front, constitue sa plus grande force. Comme le remarque Sabine Delzescaux, "la capacité à souffrir et éprouver du chagrin est similaire à la capacité à s'identifier à autrui : c'est ce qui constitue l'humanité". Le directeur de Poudlard prendra toujours soin, au fil du parcours initiatique dans lequel il engage Harry, de lui montrer qu'il est "important de rester un homme", et d'éprouver les sentiments liés à cette condition. Sentiments que "Voldemort est incapable d'éprouver", et ce depuis son enfance, dénuée "d'amitié et d'empathie".
L'emprise du mal
L'objectif de Voldemort, figure emblématique du mal, est sans doute de détruire l'amour. Pour Olga Danziger, cette ambition est particulièrement manifeste au travers des personnages bancals et indécis de la saga, comme Peter Pettigrow. Le moins doué de son groupe d'amis, "il bascule du côté de Voldemort". Mais "ce qui était au départ une action égoïste se transforme en situation de soumission". Dès lors, il est contrôlé par une "peur terrible". C'est d'ailleurs sa dimension de traître qui entraînera sa mort. Alors qu'il tente d'empêcher Harry de s'échapper, "il hésite, et la main en argent que lui a fabriqué Voldemort tressaille", avant de l'étrangler à mort. "L'ombre de l'absence de la crainte envers Voldemort scelle son destin", illustrant l'emprise totale du mal sur le psychisme humain.
L'émission est à écouter dans son entièreté en cliquant sur le haut de la page.
Pour en parler
Sabine Delzescaux, sociologue, maîtresse de conférence à l'université Paris-Dauphine-PSL, rattachée au laboratoire du LEDa-LEGOS (un laboratoire d'économie de la santé). Elle est spécialiste de l'œuvre du sociologue Norbert Elias auquel elle a plusieurs ouvrages. Ses recherches empiriques portent, dans le champ de la santé, sur la grande dépendance et en particulier sur le polyhandicap.
Sur la thématique de l'émission du jour, elle a notamment publié :
- Un article intitulé " Harry Potter ou les chemins insolites de la résistance", Nouvelle Revue de psychosociologie, n°7, éditions Erès, 2009, p. 85-100.
Parmi ses autres travaux, on trouve :
- Norbert Elias. Distinction, conscience et violence, éditions Armand Colin, 2016.
- Aux confins de de la grande dépendance. Le polyhandicap, entre reconnaissance et déni d'altérité, avec Frédéric Blondel (co-auteur), éditions Erès, 2018.
- Un article intitulé "La femme qui chante. Travail de culture et destructivité", Revue Chimères, n°98, éditions Erès, 2021, p. 93-119.
Olga Danziger, étudiante en histoire, ayant été une avide lectrice de Harry Potter pendant l’adolescence.
Références sonores
- Extrait du cinquième film de la saga Harry Potter : Harry Potter et l’Ordre du Phénix, réalisé par David Yates et sorti en 2007
- Extrait du quatrième film de la saga Harry Potter : Harry Potter et la Coupe de Feu, réalisé par Mike Newell et sorti en 2005
- Lecture par Bernard Giraudeau d'un extrait du troisième tome d’Harry Potter : “Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban” (1999)
- Lecture par Bernard Giraudeau d'un extrait du deuxième tome d’Harry Potter : “Harry Potter et la Chambre des secrets” (1998)
- Chanson de fin d'émission : Stevie Wonder, “Evil”, chanson clôturant l’album Music on my Mind (1972)
Le Pourquoi du comment : philosophie
Toutes les chroniques de Frédéric Worms sont à écouter ici.
L'équipe
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- Caroline PernesStagiaire