Après le succès de Gatsby le magnifique, nous poursuivons, notre compagnonnage artistique et amical avec Sofiane Zermani, artiste et rappeur. Nous continuons à partager avec lui le goût et le désir de transmettre à toutes les générations les grands textes de notre patrimoine culturel cet été encore.
« Dix ans durant, les guerriers grecs se sont battus, affrontant, dans les plaines d’Ilion les guerriers troyens, sans parvenir à détruire leur cité. Dix ans à être tenus en échec par la résistance obstinée d’Hector, voyant perdurer une guerre qui interdisait tout espoir de retour. Que s’est-il alors passé dans le cœur de ces guerriers lorsque, finalement, grâce à la ruse du cheval de bois, ils réussirent à pénétrer dans l’enceinte de la cité de Priam et, fous de colère, avec le désir d’en finir, ils ont fait face à des enfants, des femmes et à l’ensemble des civils troyens ? Cette question a fait ressurgir le spectre des massacres de Sabra et Chatila, plaie ouverte dans l’histoire de mon pays natal et, tout à coup, il m’est apparu évident que pour les Grecs de cette époque éloignée autant que pour les miliciens chrétiens libanais de 1982 ou ceux qui ont commis les crimes de Srebrenica, il a existé un instant de folie qui n’a eu de cesse de se reproduire selon les mêmes gestes, dans la même chorégraphie macabre. Une transmission de la sauvagerie. Toujours, à toutes les époques, il y a cet instant où tout s’effondre dans l’ivresse du sang et la démesure de la bestialité.
Comment après de telles nuits, continuer sans se poser la question des dieux et celle de l’enchantement du monde ? C’est cet effondrement que ce texte tente de raconter en prenant comme événement la mort d’Achille, dernier des héros pour qui la présence du divin était une évidence, mort après laquelle le ciel semble vide et les humains condamnés à poursuivre leurs chemins, seuls dans la confusion et le brouillard, et où quelque chose aurait pu être sauvé mais qui ne le fut pas. »
Wajdi Mouawad
Avec Amira Casar, Adama Diop, Jérôme Kircher et Sofiane Zermani
Musique originale : Issam Krimi
Réalisation : Alexandre Plank
Equipe de réalisation : Benjamin Perru et Bastien Varigault et Pablo Valero
Wajdi Mouawad
Né au Liban en 1968, l’auteur, metteur en scène et comédien a passé sa jeunesse en France et son adolescence au Québec. Il signe des adaptations et mises en scène de pièces contemporaines, classiques et de ses propres textes publiés aux éditions Leméac / Actes Sud-Papiers. Il écrit également des récits pour enfants et les romans Visage retrouvé en 2002 et Anima dix ans plus tard. Traduits en vingt langues, ses écrits sont édités ou présentés à travers le monde.
Diplômé de l’École nationale d’art dramatique du Canada en 1991, il co-fonde avec Isabelle Leblanc sa première compagnie, le Théâtre Ô Parleur. À la direction du théâtre de Quat’Sous à Montréal de 2000 à 2004 puis du Théâtre français du Centre national des Arts à Ottawa, il est artiste associé du festival d’Avignon en 2009 où il crée le quatuor Le Sang des promesses. Sa première création en tant que directeur de La Colline, Tous des oiseaux, présentée à l’automne 2017, voyage depuis en France et à l’international. La pièce a gagné le Grand prix de L’Association Professionnelle de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse pour la saison 2017/2018. Créé au printemps suivant, le spectacle Notre innocence, joue quant à lui à Madrid en 2018. Plusieurs de ses précédents spectacles poursuivent leur tournée, comme le solo Inflammation du verbe vivre et Les Larmes d’Œdipe, qui composent Des Mourants, dernier chapitre d’une aventure autour des tragédies de Sophocle. Le solo Seuls, présenté plus de 200 fois depuis sa première représentation en 2008, joue encore à ce jour et s’inscrit dans le cycle Domestique avec le spectacle Sœurs et ceux à venir Père et Mère. Après sa dernière création Fauves en mai 2019 à La Colline, Wajdi Mouawad répète son prochain spectacle, Mort prématurée d’un chanteur populai
L'équipe
- Coordination
- Coordination