L'Europe : cet objet historique non-identifié

Représentation géographique de l'Europe issue du "Theatrum Orbis Terrarum" d'Abraham Ortelius (1527-1598)
Représentation géographique de l'Europe issue du "Theatrum Orbis Terrarum" d'Abraham Ortelius (1527-1598) ©AFP - Leemage
Représentation géographique de l'Europe issue du "Theatrum Orbis Terrarum" d'Abraham Ortelius (1527-1598) ©AFP - Leemage
Représentation géographique de l'Europe issue du "Theatrum Orbis Terrarum" d'Abraham Ortelius (1527-1598) ©AFP - Leemage
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Avec Catherine Portevin de Philosophie Magazine et Jean Birnbaum du Monde des Livres nous débattrons autour d'Europa : Notre Histoire (dir. Etienne François et Thomas Serrier Les Arènes, 2017) puis de l'essai d'intervention de Maurizio Bettini, Contre les racines (Flammarion, 2017).

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Ce soir comme chaque semaine deux essais sous les feux de la critique : on évoquera tout d’abord le très imposant Europa : Notre Histoire qui vient d’être publié aux éditions Les Arènes. Pas moins de 109 historiens sous la direction d’Etienne François et Thomas Serrier, tentent d’y définir et d’articuler les mémoires européennes. Nous parlerons ensuite d’un essai d’intervention du professeur de philologie italien Maurizio Bettini, Contre les racines publié chez Flammarion. On reste dans le thème puisque l’auteur y déconstruit les questions d’origine, de tradition et d’identité.

Europa : Notre Histoire - L'héritage européen depuis Homère

Alors on ne pouvait pas passer à côté de ce gros ouvrage paru aux éditions des Arènes sous le titre Europa notre histoire. Et pas seulement parce que c’est devenu une habitude d’avoir chaque année un coup éditorial de ce genre. Mais parce qu’il faut saluer le travail titanesque d’Etienne François et de Thomas Serrier : réunir et ordonner les contributions de 109 historiens venus du monde entier pour près de 150 articles et 1400 pages.

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Un projet titanesque qui a mis trois ans à se concrétiser et dont l’ambition est non pas de livrer une définition de l’Europe - la question est même esquivée de manière assez habile - mais de déterminer ce qui constitue le "nous" européen, d’en déterminer la matrice historique, d’articuler les mémoires.

L’essai est remarquablement construit, en trois grandes parties comme il se doit. Pour montrer d’abord les "présences du passé". L’histoire européenne est d’abord une histoire de frictions, d’affrontements. Il s’agit ensuite de définir "Les Europe" à travers les héros, les paysages, le thème des limites et des frontières ; sans oublier les croisements. Enfin, dans la dernière partie intitulée "Mémoires-Monde" c’est l’Europe qui façonne autant qu’elle est façonnée par le monde.

Avoir le courage, comme l’ont fait ces auteurs, de poser la question d’un ‘’nous européen’’ […] arriver à dire que ce ''nous'' - toujours en mouvement, toujours compliqué, toujours périlleux, toujours dans le doute - on doit quand même pouvoir le définir, à un moment où il est extrêmement fragilisé et où il demeure tout de même porteur de quelque chose, c’est un geste qu’il faut saluer. Jean Birnbaum

[Commencer par la Seconde Guerre mondiale] c’est un choix très intéressant parce que cela coupe d’emblée l’idée que ce livre part des ''origines'', on aurait pu aller chercher Charlemagne mais là on est vraiment sur ce qui a fait l’Europe qu’on connaît aujourd’hui, et ça je trouve que c’est très intéressant. Catherine Portevin

Maurizio Bettini - Contre les racines

Deuxième temps de l’émission un livre très différent, beaucoup plus court, un essai d’intervention de Maurizio Bettini Contre les racines publié par Flamarion dans la collection Champ Actuel.

Maurizio Bettini est italien, le deuxième italien et même le deuxième Maurizio dont on parle dans Avis Critique après L'imbécilité est une chose sérieuse de Maurizio Ferraris… mais ce n’est pas fait exprès. C’est que ce livre est un bon complément, s’il vous reste un peu de temps après les 1381 pages du Europa, pour une réflexion sur les origines, les traditions et l’identité.

Bettini est professeur de philologie classique à l’université de Sienne. Il puise ici dans sa connaissance très fine de l’antiquité, de l’histoire, des mythes et de l’utilisation des mots pour affirmer que le terme de "racine" qui s’est imposé ces dernières années pour définir l’identité est impropre. Pire, selon lui les racines n’offrent pas des fondations solides pour construire une société.

C’est un livre bien écrit, souvent drôle, l’auteur s’y met en scène, interroge par exemple son rapport à sa ville natale, Livourne, et à ses transformations. L’argumentation est bien construite, simple, parfois simpliste et pourtant Maurizio Bettini parvient à pousser la réflexion toujours un peu plus loin.

C’est vraiment l’étonnement de ce petit livre où on attend un ton de pamphlet et là on a plutôt le ton d'un savant philologue. L’effet de ce livre est très fort, puisqu’il est beaucoup plus profond et plus fin qu’il n’en a l’air. Catherine Portevin

Je trouve que ce livre on peut tout à fait s’en passer… Cela se lit très vite, c’est assez sympathique, il y a des choses chouettes, c'est doux ; mais, en fait, moi je ne vois pas du tout ce qu’il nous apprend, c’est vraiment très frustrant. Jean Birnbaum

L'avis critique...

Cathrine Portevin a choisi le livre de Marie-Hélène Lafon, Nos vies, aux éditions Buchet Chastel**,** et ce sera un film pour Jean Birnbaum qui nous parle de Dans les pas de Trisha Brown - Glacial Decoy à l'Opéra, documentaire de Marie-Hélène Rebois, sorti dans les salles le 6 septembre dernier.
Bande-annonce :

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