

Après Germaine Tillion, Simone Veil, Françoise Dolto… Nous refermons l’été avec Olympe de Gouges, celle qui leur a peut-être ouvert la voie et libéré la parole. Considérée comme l’une, si ce n’est la pionnière du féminisme, mais lequel ? Intersectionnel, universaliste, différentialiste ?
- Bibia Pavard Maîtresse de conférence à l’université Paris II Panthéon-Assas.
- Caroline Fayolle Historienne
Considérée comme l’une, si ce n’est LA pionnière du féminisme et de l’engagement politique des femmes..
Olympe de Gouges refuse la loi du patriarcat et réclame des droits civiques pour toutes les femmes, les filles-mères, les veuves, les prostituées…
Mais aussi et bien sûr des droits politiques : le droit à s’exprimer et à s’imprimer, le droit de voter et de prendre la tribune, et sans homme pour l’y accompagner !
Et seule, elle s’autorise à être légitime comme femme politique, comme autrice, mais aussi comme porte-parole de son sexe,
son beau sexe, son malheureux sexe,
qu’elle appelle à se réveiller :
“Mes concitoyennes ne serait il pas temps qu’il se fit aussi parmi nous une Révolution ? ... Les Femmes seront-elles toujours isolées les unes des autres ?Il faudrait donc mes très chères sœurs, être plus indulgentes entre nous.." (Olympe de Gouges)
Effacée pendant deux siècles de l’Histoire de la Révolution comme toutes ses contemporaines, elle est pourtant citée par les figures majeures du féminisme : d’Hubertine Auclert à Simone de Beauvoir.
Olympe de Gouges est la première femme à avoir son buste à l’Assemblée nationale, aujourd’hui des dizaines de rues, de bâtiments portent son nom, et sa “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne” est cette année au programme du baccalauréat en littérature…
De quoi alors est-elle devenue le symbole ?
Metoo, le mouvement de libération de la parole des femmes, en est-il une conséquence ?
Aujourd’hui, qui a encore raison avec Olympe de Gouges ? Modérée, opposée à toute forme d’engagement violent, attachée à la Nature, les prises de position d’Olympe de Gouges questionnent les courants féministes contemporains.
Intervenantes
Bibia Pavard : historienne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université Panthéon-Assas, co-autrice notamment de "Ne nous libérez pas on s'en charge! Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours" (La Découverte, 2020)
Caroline Fayolle : historienne, maitresse de conférences à l’université de Montpellier, spécialisée dans l’histoire du genre, du féminisme et de l’éducation pendant la Révolution française et le XIXe siè
cle. Ses recherches interrogent les enjeux politiques liés a` la fabrique des identités sexuées dans les contextes révolutionnaires et post-révolutionnaires. Elle est autrice de "La Femme nouvelle - Genre, éducation, Révolution (1789-1830)" CTHS, 2017, de "Le Féminisme. Histoire et actualité" et des articles "L’universalisme en conflit. Trois féministes européennes dans la Révolution française", (2017), "Des corps "monstres". Historique du stigmate féministe"(2018).
Bibliographie
Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel “Ne nous liberez pas, on s’en charge. Une histoire des fémininsmes de 1789 à nos jours” (La Découverte, 2020)
Caroline Fayolle : « L’universalisme en conflit. Trois féministes européennes dans la Révolution française »
Caroline Fayolle : Des corps « monstres ». Historique du stigmate féministe en « Monstrous » Bodies. History of the Feminist Stigma
Caroline Fayolle : La Femme nouvelle. Genre, éducation, Révolution (1789-1830)
Paris, Éditions du CTHS, 2017, 479 p., 18 euros
Manon Garcia : “On ne nait pas soumise, on le devient” (Flammarion, 2019)
Simone de Beauvoir : « Le deuxième sexe » (Gallimard, 1949)
Mary Wollstonecraft : « A Vindication of the Rights of Woman: with Strictures on Political and Moral Subjects » (traduit en français par Défense des droits des femmes) 1792
VARIKAS, Eleni. 2007. Les rebuts du monde. Figures du paria. Paris : Stock.
OFFEN, Karen. 1987. « Sur l’origine des mots féminisme et féministe » Revue d’histoire moderne et contemporaine, 3 : 492-496.
Flora Tristan : « Pérégrinations d’une paria » (Actes Sud, 2004)