

Raphaël Bourgois et son invité Sam Bourcier reviennent sur la théorie queer dont il est question dans l'ouvrage majeur de Judith Butler, "Trouble dans le genre". Ils explorent les arcanes de la construction du genre qui naît bien plus de l'incorporation de normes que de dispositions naturelles.
- Sam Bourcier Activiste queer et sociologue, maître de conférences à l'université Lille III, fondateur du collectif Le Zoo.
De toutes celles et de tous ceux, écrivaines, philosophes, biologiste, architecte venus des Etats-Unis et dont il a été et sera question dans cette série « Avoir raison avec… » cet été sur France Culture, Judith Butler est la seule encore vivante, la seule donc à ne pas avoir fini d’écrire, de s’engager, et peut-être d’évoluer.
Dans l'émission précédente, Raphaël Bourgois a évoqué le cadre philosophique et conceptuel dans lequel s’intègre Judith Butler, et nous continuerons de le faire tout au long de cette semaine. Mais il nous faut aussi aller explorer du côté de son engagement féministe. Car lorsque la philosophe américaine sort Trouble dans le genre, en 1990, elle s’adresse d’abord aux féministes avec lesquelles elle est en conflit, comme le montrent les premiers mots de son essai – traduit en Français par Cynthia Kraus – « La théorie féministe a presque toujours tenu pour acquis qu’il existe une identité appréhendée à travers une catégorie de "femmes" qui non seulement introduit les intérêts et les buts féministes dans le discours, mais définit également le sujet pour lequel la représentation politique est recherchée ».
Ce que propose Judith Butler, c’est d’introduire du trouble dans cette identité, cette catégorie de « femmes », construite selon elle sur une norme hétérosexuelle, ce qu’elle appelle « normative heterosexuality », l’hétéronormativité. Le contexte de la fin des années 80, début des années 90 est précisément celui d’une grande prolifération des dénominations de différentes identités sexuelles, des façons de performer le genre : gay, drag, fem, butch… Si le genre est socialement construit, qu’il n’y a pas d’essence du masculin et du féminin mais que ces rôles sont en permanence joués et rejoués dans l’espace social, alors il faut se pencher sur ces pratiques sexuelles qui ne sont pas « normales », et qui mettent en question la stabilité du genre nous dit Butler.
Il faut plonger dans les zones queer. Gender Trouble : théorie queer et études de genre, c’est le thème de ce deuxième volet de notre série « Avoir raison avec... Judith Butler ».
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