Le visage sans masque d'Edith Scob

Edith Scob dans l'Avenir de Mia Hansen-Love
Edith Scob dans l'Avenir de Mia Hansen-Love - CG cinema
Edith Scob dans l'Avenir de Mia Hansen-Love - CG cinema
Edith Scob dans l'Avenir de Mia Hansen-Love - CG cinema
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Elle a un grand-père pasteur et un autre général de l'armée russe du Tsar. Edith Scob a été choisie par Georges Franju pour le film "Les Yeux sans visage" en 1960. Depuis elle a voulu changer le monde et inventer un nouveau langage, sur scène, à l'écran et avec son mari Georges Aperghis.

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 Il est 23h et le masque est tombé. Elle aurait pu toute sa vie se cacher, voire disparaître tant elle préfère regarder que parler. Edith Scob pourtant a les yeux trop perçants pour les fermer, le cœur qui bat trop fort pour rester bien droite dans un corset. A un moment tout valse, le masque, les fils cousus, les choses trop serrées. A un moment on s’invente un visage et une bouche pour parler. 

C’est l’histoire d’une jeune fille un peu craintive qui grandit dans une famille protestante rigoriste – plutôt timide, des manières d’oiseaux, et qui décide de faire du théâtre – parce qu’elle aime dire et réciter des mots. Au début c’est un masque -- elle sera l’héroïne fantomatique des Yeux sans visage, le film de Georges Franju qui lui colle à la peau. Un film où Christiane porte un masque blanc, après un accident son père chirurgien veut reconstituer ce visage perdu, grâce à ceux d’autres femmes. C’est la scène originelle, une présence inquiétante. Edith Scob c’est un personnage de Tchekhov, en équilibre, en attente du début du nouveau monde. Changer le monde et inventer un nouveau langage, ça prend du temps et ça nécessite de tenter de tous les côtés. C’est s’inscrire au Parti communiste avant 68. C’est s’installer dans la cave d’un HLM de Bagnolet avec Georges Aperghis pour créer l’Atelier théâtre et musique dans les années 70, c’est foncer pour cette nouvelle utopie, en lien avec les gens. C’est tenter d’être institutrice. C’est avancer en âge comme en liberté. Edith Scob c’est un long corps les bras tendus au milieu du monde, pour ne pas perdre le contact, avec l’histoire et avec les gens. 

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Dans son portefeuille elle garde un billet de 500 roubles de l’époque du tsar Nicolas II, l’histoire est là. Elle met en scène des mots actuels, elle fait l’inventaire des vies quotidiennes. Elle s’est inventé au fil des années, un visage, et une façon de parler, loin des choses corsetées. Edith Scob a dans la voix, des folies et du concret. Les mots sont plus heureux depuis qu’elle les a adoptés. On aimerait lui faire prononcer notre vie aussi, pour qu’elle lui donne une musique et un rythme particulier. Edith Scob donne envie à chacun d’inventer son vrai visage et une bouche pour un nouveau langage.

J'étais plutôt de nature timide. Mais quand j'avais les mots des autres à dire ou un personnage à incarner, toutes mes inhibitions s'en allaient. J'oubliais tout. C'est probablement pour ça que je suis devenue comédienne. Edith Scob

Georges Franju a insisté pour que je joue le rôle principal dans Les yeux sans visage, c'était un peu un conte de fée. (...) On a eu beaucoup de complicité sur le fantastique, il m'a fait connaître des choses magnifiques. J'aimais cette personne à la fois violente et tendre, c'était une personne à part. Edith Scob

Franju avait une fascination et une terreur de la violence, dans ses films comme "Le sang des bêtes". Il y avait aussi un havre nécessaire de pureté. Et je crois que je devais représenter ce havre de pureté, je lui étais nécessaire, c'est ce qu'il me disait. Edith Scob

Je n'avais pas l'habitude de tourner avec un masque. Le fait de porter un masque, d'être à part, de ne pas pouvoir parler ou manger normalement, c'était quelque chose qui m'excluait du monde, et qui a, je crois, engendré une curieuse gestuelle. Je m'exprimais avec mon corps. Edith Scob

Edith Scob, comédienne, metteur en scène. Elle a tourné et joué avec les plus grands : Georges Franju, Bunuel, Raoul Ruiz, Olivier Assayas, Antoine Vitez, Claude Régy…

(Elle sera à l'affiche du film Le Cancre de Paul Vecchiali, présenté à Cannes en mai, et dans la série de France 2 Accusé en mai)

Son mari est le compositeur et metteur en scène Georges Aperghis. Ensemble ils ont vécu l'aventure de l'ATEM (Atelier théâtre et musique) créé dans les années 70 à Bagnolet.

Philippe Minyana est homme de théâtre et auteur. Edith Scob prépare la mise en scène de son texte 21 rue des Sources. Elle lit un extrait de son texte Inventaires.

LIVE : FRANCOIZ BREUT (en concert à Bruxelles le 13 mai, à Lyon le 25 mai, Dijon le 26, Roubaix le 27, et le 3 juin à Paris au Point Ephémère) Un titre pour Backstage en studio :

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Georges Aperghis, Edith Scob et Philippe Minyana
Georges Aperghis, Edith Scob et Philippe Minyana