Numéro 34. Sarajevo mon amour (ljubavi moja) avec Rémy Ourdan

Le Siège
Le Siège - Ron Haviv
Le Siège - Ron Haviv
Le Siège - Ron Haviv
Publicité

Il y a des lieux où la haine ne prend pas. A 23 ans Rémy Ourdan part à Sarajevo, début de sa vie de reporter et début du siège : en 1992. Les Sarajeviens ont résisté avec dignité pour défendre leur idée de leur ville multiculturelle, fiers et courageux. "C'est difficile d'effacer les gens".

Avec

Il est 23h et c’est difficile d’effacer les gens. En fait, on n’efface pas les gens comme ça, ils survivent, ils résistent. En fait on peut les tuer, mais on ne gomme rien, jamais. Ce EN FAIT. Ce FINALEMENT, ce sont les Sarajeviens, les gens de Sarajevo qui l’ont lancé au monde. Nous sommes en 1992 - le général Mladic a donné comme instructions de rendre fous ces gens, qui osent vivre ensemble – entre serbes, croates ou musulmans. Mais il y a des lieux où la haine ne prend pas. En fait. Finalement. Contre toute attente. Rémy Ourdan part vivre à 23 ans à Sarajevo, c’est le début de sa vie de reporter, et c’est le début du siège. La ville devait mourir, quatre ans plus tard elle est blessée mais vivante. Une guerre surprise et des soldats improvisés. On a basculé d’un monde à l’autre sans avertissements, pris au piège. Personne à l’abri des snipers ou des obus. Le mot "Sarajevo" : ça a perforé le calme de nos soirées d’enfants, ça sonnait dans la télévision du salon comme l’idée de la guerre pas loin. Ca sonnait pour les adultes comme : le retour de la violence en Europe, chez nos voisins. Sarajevo c’est mystérieux quand on y va une fois, on y revient, toujours. Sarajevo on n’en part jamais. Peut-être parce qu’elle a conservé ce qu’au plus profond on aimerait rester : européen et entier. Peut-être qu’elle a gardé ce qu’on aimerait ne jamais abandonner : la tolérance et la dignité. Sarajevo ça intimide, c’est comme un grand oncle exemplaire et fort, qu’on admirerait dans la famille et sur le continent. On voudrait ne pas démériter, être à la hauteur. On n’aimerait pas avoir à lui avouer un comportement bas ou mauvais. N’oublions-pas, Sarajevo est là : Rémy Ourdan nous le rappelle et nous replace la barre du courage haute et au bon endroit : il fait raconter aux Sarajeviens dans son film Le Siège, ces quatre années de résistance. A la fin du film, on a tous envie de dire : nous sommes les enfants de Sarajevo. De ces gens qui d’un revers de main très digne, ont dit : en fait, finalement, avec endurance, ont dit non. On devait disparaître et on est vivant. Il y a des lieux où la haine ne prend pas. Contre toutes attentes, contres toutes les mauvaises attentes et les mauvaises raisons de ceux qui veulent le trouble et la division. Attention Sarajevo nous regarde. Sarajevo nous maintient debout et Sarajevo nous rappelle : en fait, on efface pas les gens comme ça.

Rémy Ourdan, correspondant de guerre au Monde, réalisateur du film Le Siège qui retrace l’histoire du siège de Sarajevo à travers archives et ses propres chroniques de l'époque pour RTL.

Publicité

Son ami Patrick Chauvel, co-réalisateur du film, photographe de guerre.

En amont nous avons rencontré son amie Deniz Gamze Ergüven, réalisatrice du film Mustang.

LIVE : RODOLPHE BURGER. Reprise du Velvet Underground. Et un inédit du nouvel album : Happy Hour. (concert le 12 mai à la Comédie de Reims, le 22 mai à la Philarmonie de Paris)

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

L'équipe