Numéro 43. Une généalogie de la colère par Laurent Bécue-Renard

De guerre lasses
De guerre lasses - Laurent Bécue-Renard
De guerre lasses - Laurent Bécue-Renard
De guerre lasses - Laurent Bécue-Renard
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Nous sommes des enfants de la guerre : le cinéaste Laurent Bécue-Renard en est persuadé et créé une généalogie de la colère. Il filme le non-dit : la naissance d'une parole en thérapie, d'êtres qui ont traversé la guerre, des femmes en Bosnie aux soldats qui rentrent d'Irak aux Etats-Unis.

Il est 23h et nous sommes des survivants. Nous sommes des enfants de la guerre, à notre insu parfois, sans le formuler comme ça. On fait comme si de rien n’était mais on a en nous les guerres qu’on n’a pas vues passées, on a les histoires pas très connues des grands pères, la violence collective, ça se transmet. Notre paix s’est gagnée sur leurs guerres. Des pages ont été tournées. On est arrivés le jour d’après sans possible retour en arrière - pour savoir exactement qui comment et pourquoi. On va de l’avant et on oublie de dire nous sommes des survivants. Laurent Bécue Renard suit depuis une vingtaine d’années, l’héritage du non-dit. Il cherche à filmer une parole qui n’a jamais été prononcée, la naissance d’une nouvelle langue. Il va écouter les êtres après la guerre, quand la routine fait croire à la vie ordinaire mais que le corps et l’esprit sont encore au front. Dans son film De guerre lasses – trois femmes en Bosnie tentent de se reconstruire. L’une d’elle dit : tu vois ma peau elle parait normale, mais moi je sais qu’en dessous je suis en morceaux. C’est invisible à l’œil nu, Laurent Bécue Renard filme sous la peau, les mots qui reviennent, et pas à n’importe quel moment, il y a une mise en scène. Ceux qui parlent sont face à leur thérapeute et il met sa caméra à ce niveau là, le dispositif de la thérapie devient celui du cinéma. Traverser une guerre, c’est être devenu une autre personne que celle qu’on était et que l’on souhaitait être. Laurent Bécue Renard filme le retour du vivant, de ce qui vibre, dans Of men and war, les hommes rentrent d’Irak ou d’Afghanistan, douze guerriers qui se mettent à parler et à pleurer. Qui mettent des mots sur l’inimaginable. Il a appelé ses films : Une généalogie de la colère. Comme si sans parler on pouvait rester dans un état de colère, une colère tout court, une colère en soi, pas contre quelque chose ou contre quelqu’un. Comme si nos sociétés parfois étaient dans cet état là. Comme si nos paix ne se rappelaient pas assez qu’elles s’étaient faites sur leurs guerres et qu’on était en colère, sans savoir pourquoi. Laurent Bécue Renard se place à cet endroit là : quand on croit qu’on est sains et saufs, et que pourtant il faut aller creuser les mots qui n'avaient jamais été prononcés.

Laurent Bécue-Renard, cinéaste qui travaille sur la parole et les traces invisibles de la guerre. De guerre lasses suit trois femmes en Bosnie, trois ans après le conflit de 1992-1995. Of men and war en Californie filme les vétérans d'Irak et d'Afghanistan. Deux films comme deux volets de ce qu'il appelle : Une généalogie de la colère.

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Son amie psychanalyste Amélie de Cazanove. (revue en ligne Les enfants de la psychanalyse).

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