Numéro 44. Anne-James Chaton regarde passer le XXè siècle

Icônes, François Chaignaud
Icônes, François Chaignaud - Yannick Perrin
Icônes, François Chaignaud - Yannick Perrin
Icônes, François Chaignaud - Yannick Perrin
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Une époque, c’est fait pour défiler. Ca avance. Ca ne traîne pas. L’époque elle va plus vite que nous. Si on se retourne elle n’est déjà plus là. Anne-James Chaton l'écrit à travers treize femmes, qui traversent le XXè siècle : de Camille Claudel à Lady Di en passant par Marylin ou Virginia Woolf.

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Il est 23h et une époque c’est fait pour défiler. Ca avance. Ca ne traîne pas. L’époque elle va plus vite que nous. Si on se retourne elle n’est déjà plus là. Nous sommes le 27 juin, c’est la dernière de l’année, on avance et c’est bientôt l’été. Anne-James Chaton attrape l’époque et entre avec elle dans le tunnel. Il l’écrit avec sujet – verbe – complément --ajouter des mots ce serait se faire devancer par le temps. Ici on fait corps avec la date, le lieu, le siècle, quitte à se faire malmener par les événements, on attrape les rênes et à travers 13 femmes, le 20è siècle défile. Ca s’appelle Elle regarde passer les gens, c’est un long poème. Ca pourrait s’appeler Guerre et paix, ça oscille entre les deux comme l’histoire. C’est au présent ou à l’imparfait, dans le temps du vécu et du sentiment. Les phrases commencent toutes par « Elle ». Pour faire parler les Icônes comme il est a ensuite rebaptisées. Elles ne sont jamais nommées mais on reconnaît par exemple la danseuse Isadora Duncan, il écrit : Elles parlent de la Russie. Elles parlent de la Révolution. Elles parlent de Lénine. Elles parlent de Marx. Elles parlent du nouveau monde. Elle est pleine d’espérance. Elle est sur le quai. Il fait coller les instants, comme : Elle hèle un taxi. Elle traverse la ville. Avec l’histoire en plus grand, les utopies et les mélancolies. Virginia Woolf apprend la victoire des travaillistes et un peu plus loin, se fait couler un bain. Mata Hari prend une chambre d’hôtel et va se faire arrêter. Il décrit la vie de ses femmes comme un espion, des corps et des sensations. Les chapitres ce ne sont pas les noms de ces femmes, mais : le nouveau siècle, la grande guerre. On peut lire : Elle est le 3 août. Elle est en guerre. Elle est le 3 décembre. Elle est en hiver. ou Elle est le 19 mai 1962. Chacune devient son lieu et son moment. La vie devient la trace qu’elle laisse sur un calendrier et sur la géographie. Ce sont des tracés, des itinéraires. Qu’est ce qu’il reste d’une histoire ? Anne-James Chaton aime coller ce qui pourrait rester séparé : livre d’histoire, journal intime, numéro de chambre ou plaque d’immatriculation. Il rassemble tout. Comme il l’avait fait avec tickets de caisses, facture ou articles de presse. Il fait l’histoire en collant mots quotidiens et vies immenses. L’époque c’est fait pour défiler, l’époque c’est invisible, ce sont des mouvements effacés chaque fois par d’autres, pour la dernière, on peut regarder tranquillement passer les saisons, les années, et les gens

Anne-James Chaton, poète, performeur, plasticien, pour son livre « Elle regarde passer les gens » publié aux Editions Verticales. Treize figures de femmes du 20è siècle, pour faire défiler l'époque, de la Grande Guerre à la chute du Mur de Berlin.

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Nosfell musicien compositeur, François Chaignaud danseur et chorégraphe et  Phia Ménard artiste performeuse, ont créé avec lui le spectacle « Icônes » autour du texte.

LIVE : NOSFELL + chant par François Chaignaud

François Chaignaud et son chien Roy
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Dernière de l'année !
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