
Après Rester vivant , La poursuite du bonheur ,* Le sens du combat* ou encore Renaissance , ses premiers recueils, Michel Houellebecq vient confier au micro de “Ça rime à quoi” quelques-uns de ses poèmes inédits (qui paraîtront le 17 avril 2013 sous le titre Configuration du dernier rivage chez Flammarion), parce que la poésie est pour lui une parole essentielle, celle de ses débuts, toujours plus nécessaire.
Illustration sonore: "Travelling mind" de Manuel Galvin, extraite de l'album "American road book", paru chez Cézame.
Vivre sans point d'appui, entouré par le vide,
Comme un oiseau de proie sur une mesa blanche ;
Mais l'oiseau a ses ailes, sa proie et sa revanche ;
Je n'ai rien de tout ça. L'horizon reste fluide.
J'ai connu de ces nuits qui me rendaient au monde,
Où je me réveillais plein d'une vie nouvelle
Mes artères battaient, je sentais les secondes
S'égrener puissamment, si douces et si réelles.
C'est fini. Maintenant, je préfère le soir.
Je sens chaque matin monter la lassitude,
J'entre dans la région des grandes solitudes,
Je ne désire plus qu'une paix sans victoire.
Vivre sans point d'appui, entouré par le vide,
La nuit descend sur moi comme une couverture,
Mon désir se dissout dans ce contact obscur ;
Je traverse la nuit, attentif et lucide.
Michel Houellebecq, La poursuite du bonheur , Flammarion.
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