Autun en emporte le temps...

Dégagement du crâne du squelette découvert dans le cercueil en plomb
Dégagement du crâne du squelette découvert dans le cercueil en plomb - © Christophe Fouquin / Inrap
Dégagement du crâne du squelette découvert dans le cercueil en plomb - © Christophe Fouquin / Inrap
Dégagement du crâne du squelette découvert dans le cercueil en plomb - © Christophe Fouquin / Inrap
Publicité

Elle s’appelait Augustodunum, « la ville d’Auguste », Auguste, premier empereur qui ramena paix et prospérité à Rome et son empire. Rien de moins étonnant que de découvrir aujourd’hui, à Autun, des pans d’histoire, vieux de près de 2 000 ans.

Avec
  • Nicolas Tisserand Archéologue à l’Inrap et chercheur à l’université de Bourgogne, Laboratoire ARTEHIS
  • Michel Kasprzyk Archéologue à l’Inrap et chercheur à l’université de Bourgogne, Laboratoire ARTEHIS

La cité, née vers 13 avant notre ère, fut tout à la fois un centre économique et administratif, religieux et intellectuel. Aujourd’hui, un vaste ensemble funéraire, daté des alentours de 250 de notre ère vient d’être fouillé et livre son cortège de découvertes.

Vue du site en cours de fouille avec, au premier plan, un cercueil en plomb.
Vue du site en cours de fouille avec, au premier plan, un cercueil en plomb.
- © Christophe Fouquin / Inrap
Découverte de la sépulture après ouverture du cercueil en plomb.
Découverte de la sépulture après ouverture du cercueil en plomb.
- © Christophe Fouquin / Inrap

De grès et de plomb

Plus de 230 sépultures viennent d’être mises au jour et ont en effet une grande diversité dans leurs modes d’inhumation : mausolées et édifices en bois, mais aussi sarcophages en grès et surtout cercueils en plomb… quinze cercueils de métal viennent d’être exhumés et s’ajoutent aux nombreux exemplaires déjà découverts. Autun possède en effet le plus grand ensemble de cercueils en plomb de Gaule du Nord. Equipés de masques et de combinaisons étanches (afin de se prémunir contre toutes formes de contaminations), les archéologues ont ouvert un de ces sarcophages dans une chambre aménagée sur le chantier. Le squelette d’un adulte était très bien conservé et celui-ci possédait une étoffe précieuse composée de fils d’or…

Publicité
  Epingles en ambre, sans comparaison dans le monde romain / Bague en or avec grenat / Boucles d’oreille en or / Épingles et bracelets en jais
Epingles en ambre, sans comparaison dans le monde romain / Bague en or avec grenat / Boucles d’oreille en or / Épingles et bracelets en jais
- © Denis Gliksman / Inrap

Certaines tombes ont révélé des objets extrêmement rares notamment des épingles en ambre, actuellement inconnues dans la littérature archéologique. Figurent aussi des épingles et anneaux en jais, boucles d’oreille, anneau d’or et bague sertie d’un grenat ainsi que des étoffes tissées de fils d’or et de la pourpre.
L’objet le plus exceptionnel est un « vase diatrète », seule une dizaine d’exemplaires complets sont connus dans le monde antique. Celui d’Autun porte une inscription au-dessus de ses motifs décoratifs : “Vivas feliciter” (Vis en félicité). Il devait être réservé à d’éminentes figures sans doute proches du pouvoir impérial.

Le vase diatrète dans son conditionnement en boîte et mousse après prélèvement sur le terrain
Le vase diatrète dans son conditionnement en boîte et mousse après prélèvement sur le terrain
- © Christophe Fouquin / Inrap

Nécropole élitaire et une communauté chrétienne ?

Autun possède un des plus anciens documents du christianisme de Gaule, la célèbre stèle de Pektorios, inscription funéraire du IVe siècle, découverte au XIXe siècle à proximité du site. Si l’apparition de cette nécropole intervient à l’aube de la christianisation du monde romain, rien aujourd’hui ne confirme directement l’appartenance religieuse des défunts. 

Vue aérienne du site en cours de décapage.
Vue aérienne du site en cours de décapage.
- © Christophe Fouquin / Inrap

En revanche, l’ensemble du mobilier exhumé dans cette nécropole atteste la présence de représentants de la haute aristocratie d’Augustodunum. Ces nouvelles découvertes archéologiques corroborent d’ailleurs les sources antiques. Les élites éduennes, proches de l’empereur Constantin (306-337) sont ainsi évoquées dans un texte majeur, les Panégyriques latins ou le Laudes domini, considéré comme le premier poème chrétien de la Gaule romaine.

Nous discutons de ces fouilles avec Nicolas Tisserand et Michel Kasprzyk, tous deux archéologues à l’Inrap et chercheurs à l’université de Bourgogne, laboratoire ARTEHIS : ARchéologie, TErre, HIstoire, Sociétés (UMR 6298).

Restes d’un tissage constitué de fils d’or pris dans le sédiment.
Restes d’un tissage constitué de fils d’or pris dans le sédiment.
- © Fabienne Médard / Anatex

Pour en savoir plus

Page de Nicolas Tisserand sur le site ARTEHIS (ARchéologie, TErre, HIstoire, Sociétés).

Page de Michel Kasprzyk sur le site ARTEHIS (ARchéologie, TErre, HIstoire, Sociétés).

Article de l'Inrap sur le site de Saint-Pierre-l’Estrier à Autun.

Article "Cette nécropole romaine est une très belle découverte" (Autun infos, juillet 2020).

Article "Plus de deux cents sépultures datant de l'Antiquité découvertes à Autun" (Le Journal du Centre, novembre 2020).

Reportage (vidéo) sur le site de Saint-Pierre-l’Estrier à Autun. (FR3 Bourgogne-Franche-Comté, juillet 2020).

Timelapse de l'ouverture d'un cercueil en plomb (facebook watch / Christophe Fouquin)

Pour afficher ce contenu Facebook, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.