Cosquer, la grotte engloutie des calanques

Panneau des chevaux - Grotte cosquer
Panneau des chevaux - Grotte cosquer - © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS
Panneau des chevaux - Grotte cosquer - © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS
Panneau des chevaux - Grotte cosquer - © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS
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Immergée dans les Calanques de Marseille, la grotte Cosquer est un exceptionnel témoin de l’art des chasseurs-collecteurs du paléolithique supérieur.

Découverte il y a trente ans et dans des conditions rocambolesques, la belle grotte Cosquer a peu été supplantée par d’autres découvertes, notamment celle de la grotte Chauvet, mieux conservée et surtout plus ancienne…

Toutefois, depuis trois décennies, les recherches sur ce patrimoine unique ont continué et aujourd’hui, un nouveau programme d’étude, dirigé par Cyril Montoya, vient d’être lancé par le ministère de la Culture.

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Représentation d'un bouquetin
Représentation d'un bouquetin
- © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS

Luc Vanrell "On est à peu près à 14 espèces d'animaux différenciées, ce qui est assez exceptionnel pour le corpus d'une grotte ornée. En général, il y a moins de deux espèces différentes représentées. [...] L'espèce la plus représentée, comme presque toujours dans l'art pariétal, sont les chevaux."

Plongée dans la grotte
Plongée dans la grotte
- © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS

Cyril Montoya "La grotte Cosquer a été découverte en plusieurs étapes. À partir de 1985, Henri Cosquer commence à reconnaître le long siphon d'accès sous-marin (le trajet sous-marin complet fait 175 mètres, dont 116 mètres où il est impossible de faire surface). Et puis, c'est véritablement vers juillet 1991 que les découvertes vont s'enchaîner, et Henri Cosquer, avec ses amis, vont quitter la mer pour pénétrer dans la grotte de façon piétonne et en découvrir les merveilles. Elle sera donc déclarée le 3 septembre 1991, après un triste événement tragique (le 1er septembre 1991, quatre plongeurs pénètrent dans le long boyau qui conduit à la grotte, mais insuffisamment préparés, et, un seul reviendra vivant de cette sinistre aventure qui obligera Henri Cosquer à déclarer, de toute urgence, le site)."

Désormais, ont été recensées quelques 553 représentations peintes ou gravées, d’époques gravettienne (vers 30 000 avant notre ère) et épigravettienne (jusqu’à 19 000 avant notre ère). La grotte Cosquer se trouve aujourd’hui à la jonction des deux grandes aires culturelles. Y ont été dénombrées, chevaux, bouquetins, bovidés, cerfs et biches mais aussi d'étonnants animaux marins, phoques et pingouins, voire peut-être méduses. On y trouve aussi des représentations hybrides, chimères ou figures composites, cheval-bison voire homme-phoque… Rappelons que chaque exploration livre son lot de découvertes dans une cavité au potentiel archéologique exceptionnel.

Panneau des Pingouins
Panneau des Pingouins
- © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS

Michel Olive "La grotte Cosquer est l'exemple typique de ce qui se passe depuis la période de l'Holocène. Lors du dernier maximum glaciaire, il y a environ 21 000 ans, le niveau de l'eau était environ 130 mètres plus bas. À la fin de la glaciation, le niveau était à peu près à moins 200 mètres, et ce n'est que vers 9 000 que le niveau de la mer a atteint le porche d'entrée, qui est à l'heure actuelle à 37 mètres de profondeur sous le niveau (zéro) de la mer."

Luc Vanrell "On peut considérer que l'intégralité des zones les plus difficiles d'accès sont totalement ornées. Il est difficile de ne pas imaginer que les zones qui étaient en-dessous des 37 mètres, n'aient pas été ornées avec la même densité de production graphique. Et tout ça représente, à peu près, les 4/5e de la grotte, en terme de surfaces accessibles aux artistes, qui ont disparu."

Panneau des mains
Panneau des mains
- © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS

*Cyril Montoya **"***Une équipe pluridisciplinaire (archéologues, géomorphologues...), missionnée par le ministère de la Culture, doit prochainement faire un constat des urgences, essayer de les prioriser pour notamment intervenir à la fois sur les parois qui sont actuellement noyées et également sur les sols archéologiques. Nous sommes un peu comme des pompiers pour intervenir et traiter cette urgence absolue pour la conservation de cette grotte exceptionnelle."

Nous le savons, depuis 9 000 ans, les eaux ont détruit, à tout jamais, quantité d’œuvres au sein de la grotte. Malgré un air en surpression dans la cavité, celle-ci se dégrade inexorablement, notamment avec la remontée des eaux. La grotte Cosquer est aujourd’hui une urgence.

Pour évoquer tous ces sujets, Vincent Charpentier reçoit Cyril Montoya, Conservateur régional adjoint à la DRAC Occitanie, Luc Vanrell, archéologue indépendant, plongeur, photographe, explorateur sous-marin, et Michel Olive,  ingénieur à la Drac PACA, tous trois membres du laboratoire CNRS UMR LAMPEA (LAboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique).

Dans la grotte Cosquer
Dans la grotte Cosquer
- © Luc Vanrell / DRAC PACA / LAMPEA / IMMADRAS

Pour aller (encore) plus loin

À écouter ou à réécouter : Grotte Cosquer, emportée par la houle
La Méthode scientifique
58 min

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