

Covid, Benjamin Griveaux, mort de Maradona... non, ma rétrospective 2020 ne parlera pas de ça. Pire, elle parlera de choses sans intérêt... mais qui ont pourtant fait mon année. Dont Mimi Cracra.
Puisque tout le monde en fait une, moi aussi, je vous propose cette semaine une rétrospective, MA rétrospective, de l'année 2020. Et promis, je ne vous parlerai ni de covid, ni de la mort de Maradona et encore moins de Benjamin Griveaux… dont les rétrospectives de l’année faites dans d’autres médias, m’ont, je dois dire, rappeler l’existence.
Non, cette semaine, c’est promis, je ne vous parlerais que de choses sans importance, banales même, ces choses que j’ai pourtant vécues, ces choses qui n’ont pas fait le sel de ma vie, qui n’ont rien de ces “petites choses” qui devraient, selon l’air du temps, faire la beauté de chaque heure passée.
Non, cette semaine, je vais vous parler de choses vraiment inintéressantes qui ont, malgré tout, composé mon existence mais auxquelles, et à raison, je n’avais prêté aucune attention. Et pour moi, ça commence en musique : Mimi Cracra
Mimi
Vous ne connaissez pas ? Ca vous rappelle des souvenirs ? Eh bien, c’est la chanson que j’ai le plus écoutée en 2020. 86 fois en tout. Ecoutée pour la 1ère fois le 20 mars, 15 fois le 18 août. Si une plateforme ne m’avait pas dit que c’était ma chanson la plus écoutée de l’année, je ne l’aurais pas su.
Ou, soyons précis, je l’aurais su sans le savoir, car je ne découvre pas la Bande Originale de mon année, je sais que j’ai une fille de 2 ans qui demande tous les soirs cette chanson, mais disons que je ne l’aurais pas réalisé. Et voilà que j’en viens à une des choses qui me stupéfait dans l’existence et que seules les rétrospectives savent nous révéler : cette capacité que l’on a à vivre des choses sans forcément le remarquer.
Bizarrement, on oublie donc presque tout, j’avais oublié l’existence de Benjamin Griveaux, et Mimi Cracra, mais Mimi, elle, elle était pourtant là, à rythmer et ambiancer plus de 9 mois de mon année. Comment n’avais-je pas réalisé ce qui a ainsi concrètement fait ma réalité ?
Ces choses auxquelles on ne pense pas
C’est bizarre, mais oui. Mais ce n’est pas Mimi qui est bizarre, c’est ce paradoxe que tout ce qu’on a accompli n’a pourtant pas forcément été réalisé (compris, conscientisé)…
Pour vous, Hervé, ça sera peut-être d’avoir mangé tous les jours du houmous ou d’avoir changé de parfum ou écouté 86 fois du Francis Cabrel. Toutes ces choses qu’on ne penserait pas à dire, vanter ou inscrire dans un bilan, et qui informent cependant nos existences.
Mais alors, où les mettre ces choses, ces sons, ces parfums, ces sentiments sans intérêt mais bien là dans nos vies ? Où tombent-elles ? Où sont-elles ? C’est bien le problème : elles sont là, mais on n’en parle jamais, parce qu’on n’y pense pas, qu’on les dédaigne et qu’on les oublie…
Dans Matière et Mémoire, le philosophe Henri Bergson dit ceci :
“nous ne pouvons nous empêcher de demander où se conserve le souvenir. (...) mais le passé, une fois accompli, s'il se conserve, où est-il ? (...) et dans quel magasin logerons-nous les images accumulées ?”.
Et voilà qu'Henri Bergson critique cette question en “où”.
Et il avait raison, car la question n’est pas “où sont ces choses sans intérêt” mais bien “pourquoi on n’y pense pas”, pourquoi on ne les élève pas au rang de “pensée”. Heureusement, les rétrospectives sont là pour nous les rappeler… ou les enterrer.
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