Ce que j'ai appris sur les relations humaines en regardant des courses de F1.
Qu’avez-vous fait dimanche après-midi ? Je sais, dimanche, c’est déjà loin, mais j’en garde pourtant encore un vif souvenir... Car, pour ma part, j’étais devant la télé. Et plus précisément devant la Formule 1, le Grand Prix d’Emilie-Romagne.
Jamais je n’aurais cru faire ça un jour dans ma vie… mais bon. C’est que j’ai découvert une série incroyable sur la F1. Qui s’appelle "Formula One, drive to survive", traduit en français par : "Pilotes de leur destin".
Je confirme : le titre n’est pas mensonger : non seulement, la mort ne cesse de planer sur chacun des épisodes, puisque chaque pilote joue littéralement sa vie lors d’une course, mais surtout parce que, durant les trois saisons disponibles, il est surtout question des pilotes en tant que tels : leurs caractères, enfin leur mental pardon, leurs histoires (surtout faites de sacrifices familiaux et d’entraînements), leurs obstinations, et surtout leurs rivalités.
Car, pour ceux qui ne le savent pas, la formule 1 compte 20 pilotes dans le monde, les écuries étant au nombre de 10, il y a donc, si vous me suivez bien : 2 pilotes par écurie. 2 pilotes, donc, à la fois coéquipiers et concurrents directs.
2 pilotes qui doivent faire gagner leur écurie (Ferrari, Haas ou MacLaren) mais qui doivent être, chacun, les meilleurs. Et je dois dire que cette tension entre équipe et rivalité, ça m’a passionnée.
Coéquipier et rival
D’une certaine manière, on pourrait, c’est vrai, être assez blasé, voire critique, et même dégoûté, face à ce spectacle qui pousse jusqu’au bout la logique politique et économique du “chacun pour soi”, chacun pour soi œuvrant pour tous, et surtout pour soi.
Mais ce que j’ai trouvé vraiment frappant, c’est que cette tension était parfaitement assumée : le seul lien qui unit les pilotes d’une même équipe est de vouloir dépasser l’autre, l’écraser.
Vous trouvez peut-être ça terrible, mais au moins les choses sont claires : ce qui fait tenir à l’autre ou ce qui le fait exister, dans ce cas-là, ce n’est même plus l’idée du collectif, une passion commune, ou la beauté du sport, mais l’idée paradoxale qu’il n’est là que pour être anéanti instantanément. Il n’existe que pour être nié, dépassé.
Et ce qui m’a encore plus frappée, c’est que j’y ai retrouvé ce fait paradoxal mais courant, triste mais un peu vrai, où l’autre n’a parfois, à nos yeux, qu’une existence négative.
L'amitié vache
C’est cette fille ou ce garçon populaire au collège à qui on en voulait d’être moche, cette personne sur les réseaux sociaux qu’on ne connaît pas mais que l’on scrute, que l’on guette uniquement dans le but de la détester un peu plus, ce troll qui vous sape mais vous connaît mieux que votre mère, et même cet ami qui semble tout faire mieux que nous et dont on se moque en secret dès la 1ère chute.
Voilà, sans dire que toute notre vie sociale a quelque chose de la formule 1, il s’y joue quand même ce problème : non pas qu’il y ait de la haine, d’un côté, et de l’amour, de l’autre, non pas qu’il y ait des sentiments mêlés ou pire, un peu tièdes, mais que le lien à l’autre soit déjà fait de rivalité, de séparation, de rupture, ou ne soit peut-être fait que de ça…
L’anthropologue et philosophe René Girard a exactement décrit ce mécanisme en parlant de l’amitié :
« L’amitié est cette coïncidence parfaite de deux désirs. Mais l’envie et la jalousie ne sont pas autre chose. »
Traduction : ce qui nous rapproche nous sépare aussi, et inversement ce qui nous sépare est aussi ce qui nous rapproche.
Et j’aimerais insister là-dessus pour finir : ce que j’ai appris en regardant Formula one : Pilotes de leur destin, c’est qu’on a peut-être tous quelque chose de pilotes de F1, pas tout le temps, pas avec tout le monde : mais on aime parfois les autres pour pouvoir les détester, encore faut-il le réaliser...
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