Un laboratoire de "biohacking" propose de tester l'implant de puces électroniques sur l'être humain - pour stocker mots de passe, documents et informations bancaires - et s'associe à une société internet pour en tester les failles de sécurité.
Lundi je vous parlais de « biologie participative » ou de « biohacking » en anglais ; pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, c'est en résumé la volonté d'améliorer nos capacités d'êtres humains via la biologie ou éventuellement via la robotique, bref, d'upgrader (en anglais toujours, pour utiliser le champ lexical de l'informatique) l'être humain pour augmenter ses capacités.

Alors tout de suite, si vous avez lu ou vu un peu de science-fiction, vous vous dites que ce sont des utopies tout juste bonnes à nourrir des scenarii futuristes, mais que bon, on a encore un peu de marge avant de pouvoir payer nos courses avec un scan rétinien, ou passer un coup de fil pour demander s'il faut faire des courses en rentrant du bureau par une simple pression de nos molaires du fond.
Eh bien, sauf votre respect... vous vous gourez, au moins partiellement.
Une société de biologie participative suédoise, BIONYFIKEN, vient de s'associer à une entreprise de sécurité informatique que vous connaissez peut-être pour avoir un de leurs anti-virus sur votre ordinateur, KASPERSKY, pour réfléchir et tester la possibilité de connecter des personnes humaines à internet, via l'implant d'une puce électronique sous la peau.
BIONYFIKEN n'en est pas à son coup d'essai : au début de l'année, le groupe avait fait parler de lui pour s'être associé à une entreprise en proposant aux salariés volontaires de se faire implanter ce type de puce dans la main ; grâce à cette puce, les employés peuvent ouvrir les portes dans le batiment, payer à la cantine, faire des photocopies, et même, via une connexion au smartphone, disposer à tout moment d'une carte de visite et de leurs données personnelles liées à l'entreprise, par l’intermédiaire de la puce. Horreur, malheur vous-dites vous... Jamais ô grand jamais sur moi !
Eh bien figurez-vous que sur les 700 salariés de l'entreprise, plus de 400 se sont portés volontaires… plus de la moitié.
Et là je vous entends, d'ici, hurler au cauchemar de surveillance globale, au viol éhonté de la vie privée, au premier pas vers une société de contrôle totalitaire, Big Brother, la moustache en gros plan sur les affiches dans la rue et tout le toutim.
A ces cris d'orfraie, le fondateur de BIONYFIKEN répond précisément l'inverse. A savoir que l'intention de son groupe, qui, rappelons-le, est un groupe de « biohacking », de biologie participative, un laboratoire indépendant, donc... son intention est précisément d'anticiper ce qui sera, demain, la démarche de grands groupes comme les GAFA, Google, Apple, Facebook, Amazon et les autres, en leur coupant, en quelques sortes, l'herbe sous le pied. Que sa démarche est une démarche préventive, avant que les gouvernements ou les grandes administrations – fiscales par exemple - ne viennent nous contraindre à nous « pucer » à notre encontre.
Et c'est, toujours selon BIONYFIKEN, également l'objectif de cette toute récente association avec KASPERSKY : faire des tests, grandeur nature, des failles de sécurité de ce type de dispositif.
Parce que, si la puce que l'on implante, qui fait à peu près la taille d'un grain de riz, est un dispositif dit « passif », c'est-à-dire qui ne s'active que lorsqu'il est à proximité d'un récepteur ou d'une machine susceptible d'en lire les informations... la problématique de sécurité principale reste bien de savoir qui pourrait récupérer ou activer les puces pour utiliser les informations confidentielles qui sont stockées à l'intérieur.
Réfléchir préventivement, donc, à ce que signifie le stockage des données à l'intérieur du corps. Informations personnelles, documents, bref, devenir une sorte de mini disque dur ambulant... d'un côté, fini les mots de passes à répétitions, finies les cartes de crédit, et à terme fini peut être même l'argent liquide... on pourrait très vite payer avec sa puce qui contiendrait nos informations bancaires… et de l'autre bonjour le spectre du contrôle total et de la surveillance absolue.
Maintenant, si l'on part du principe que cette technologie existe, qu'elle a d’ores et déjà été envisagée, plutôt que de la rejeter en bloc en imaginant que l'on pourra à jamais s'y opposer – de la même façon que l'arrivée des téléphones portables avait suscité une vague de rejet qui trouvait ses sources dans des craintes similaires, à savoir le pistage et la surveillance des conversations privées… peut-être – je dis bien peut-être – qu'anticiper la généralisation de cette techonologie, surtout de la part de groupes indépendants qui ne sont a priori portés ni par des enjeux économiques, ni par des enjeux sécuritaires... peut-être n'est-ce pas tout à fait insensé. Je laisse cela à l'appréciation de vos invités, Marc...
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