
Contestation et élégance venues du Brésil avec CRIOLO – traduction en quelques mots de ce qui est dit ici : « Le climat est tendu, ça va chauffer dans le centre, comme le dit le dicton, ‘celui qui est pressé mange cru’ (…) Ninjutsu, Oxala, capoeira, ju jitsu, Shiva, Ganesh, Ze Pilin (entendez art du combat et divinités, dont certaines majeures du candomblé) donnent un équilibre au travailleur qui court après son pain tous les jours. Ce sont trop d'humiliations pour tenir dans ce refrain. (…) Et si on ne résiste pas et qu'on abandonne Que se passerait-il ? »
Les mots sont ceux de Kleber Gomes, 39 ans et un surnom d’enfant qui lui est resté : Criolo Doido (le créole fou). Issu du quartier populaire de Grajau, à Sao Paulo, musicien et rappeur depuis plus de 20 ans, il a fait tous les petits métiers avant d’être éducateur dans son quartier pendant 10 ans. Et de devenir quelques années plus tard « la plus importante figure de la musique actuelle au Brésil » selon Caetano Veloso. Belle carte de visite.
« Cartão de Visita » justement ou le regard d’un homme pauvre qui travaille comme serveur dans une fête de luxe. Les classes moyennes et aisées consomment énormément au Brésil, au dessus de leurs moyens et paient en 3 à 10 fois sans frais. Criolo rime sur le DIEESE (un des indices d’inflation économiques) et cite la Fundação Getulio Vargas, institution qui publie de nombreuses études économiques de référence, « elle m'aide à prêcher ce message ». Criolo se moque des petits riches descendus dans la rue pour manifester contre la coupe du monde et joue de métaphores. Pas de célébration dans les chansons de Criolo, faites de constats d'inégalités, de problèmes de drogue, d'obsession consumériste, non sans un certain humour, mais pour reprendre l'analyse d'un critique du TIME « le message est donné comme un divertissement et non une conférence, parce que cela reste un show et pas un discours politique ».
« Plano de Vôo » qui parle de la lutte des enfants de la rue. Beaucoup de sujet et de couleurs musicales chez Criolo à l’image des illustrations choisies pour ce nouvel album « Convoque Seu Buda » : on voit un travail de collage qui mélange des images florales ou folkloriques empruntées au fond du Riiksmuseum d'Amsterdam comme à l'imagerie historique : le personnage central qui ressemble à Criolo est un fait la peinture d'un dignitaire de l'île de Java en 1820. Tout ceci pour illustrer une scansion qui s’accommode de musiques et de rythmes très différents, que ce soit rap, reggae, jazz, samba, on se quitte avec « Fermento Pra Massa » le ferment dans la pâte.
extraits diffusés :
Convoque Seu Buda
Cartão de Visita
Plano de Vôo
Fermento Pra Massa
Convoque Seu Buda (Sterns Music)
En concert le 29 janvier 2015 à l’Alhambra, Paris
Merci à Sophie Robert pour la traduction des paroles.
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