« Tu veux y arriver vite, moi le plus tard possible. Ce n'est pas parce que je suis vieux (...) J'ai toujours aimé y aller lentement, comme disait ma maman » le raconteur drôle et profond vous l’aurez reconnu sans doute à sa seule voix, c’est Leonard Cohen.
« Popular Problems » 13ème album studio pour le chanteur qui fêtait hier ses 80 ans. Partout dans le monde, chacun y est allé de son Joyeux anniversaire pour l’auteur de « Suzanne » et une jeune chanteuse anglaise, Lail Arad, se distingue avec une chanson : « dommage que tu sois né en 1934 » elle imagine quels amants ils auraient été, ré-utilise ce qui fait la marque particulière de Cohen, une ironie légère, une ironie de compassion (idée empruntée au livre cité ici plus bas).
Leonard Cohen, « late bloomer » qui débutait dans la musique à 32 ans parce qu’il ne vivait pas de son écriture (malgré succès critique de son roman Beautiful loosers) toujours élégant ici en costume cintré chapeau à bord fin, et malgré une pochette assez laide. L’album semble plutôt court : 9 chansons (36 minutes exactement) et pourtant ce temps d'écoute il le dilate et l’étend à la réflexion, citant à la fois l'Exode et la méditation, évoquant ici le mythe de Samson et le confronte à l'après Katrina : "Samson In New Orleans"
Malgré un violon à la fois yiddish et irlandais et une belle section rythmique ici, l’ensemble du disque assez simple en terme de production : tout se tient entre la voix et le clavier et, à part une chanson cosignée de sa compagne -la pianiste de jazz Anjani Thomas – qui chantait déjà les chœurs dans Hallelujah - tout est signé de Cohen et Patrick Leonard (musicien de Chicago longtemps associé à Madonna). On retrouve ce mélange de naturel et d'artifice dans les sons, avec toujours mis en valeur les chœurs féminins.
"L'histoire est racontée avec des faits et des mensonges/J'avais un nom/Mais peu importe " Nevermind, manifeste pour les victimes anonymes au sein des conflits armés. On retrouve bien ici un Leonard Cohen multiple : bohème mais pas détaché, adepte de la méditation, juif de la diaspora et moine bouddhiste, presque un « philosophe émérite du rock » comme écrivait une critique pour la radio NPR. A propos de lecture je vous renvoie à un gros livre de Christophe Lebold sur Leonard Cohen qui vient de paraître : il finit par ce chapitre De quoi Leonard Cohen est-il le nom ? hypothèse : « celui d’une vertu : cette élégance si lumineuse qu’elle en devient subversive – et le nom d’une grâce, celle d’être toujours en mouvement et donc toujours léger. »
extraits diffusés :
Slow
Samson in New Orleans
Nevermind
Did I Ever Love You
Album : Popular Problems (Columbia)
Chanson de Lail Arad : 1934 (A Song for Leonard Cohen)
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