Matthew E. White oiseau rouge et soul en blanc

France Culture
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Matthew E. White « Fresh Blood »
Matthew E. White « Fresh Blood »
© Radio France

« J’ai senti qu’il était possible d’étirer quelque chose - et étirer le silence, aussi .» confie Matthew E. White à Libération. Cuivres, cordes et soul débordante, ou comment transformer la mystique familiale en profession de foi musicale.

[Matthew E. White](Matthew E. White) la petite trentaine, musicien originaire de Richmond, Virginie, fils de missionnaires chrétiens (mais pas plus prosélyte que ca pour autant) publie cette semaine « Fresh Blood » ou le sang neuf, titre à double-fond pour une approche volontiers traditionnelle (parmi ses ambitions, forger une équipe et un son comme autrefois les labels Stax et Motown dans leurs studios).

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Toujours jeune Matthew E. White qui signe « seulement » son deuxième album solo, avant 2012 il écrivait de la musique, des arrangements jazz, faisais de la production, mais n'avais jamais vraiment chanté, et surtout pas à la première personne. Incarnation totale ici dans « Fruit Trees ».

Puisqu’il est question d’arbres fruitiers (et de fleurs d’oranger pour être précis) dans ce titre, l’arbre ici c’est un grand barbu aux cheveux longs (en chignon ou tresse), toujours de blanc vêtu. On le voit au piano dans un intérieur propret (chez sa grand-mère à ce qu’il paraît) avec devant lui un grand canapé à fleur et un bibelot en émail qui représente un petit cardinal, l’oiseau rouge symbole de la Virginie. Le chant de Matthew E. White a lui peu de choses en commun avec celui de l'oiseau, comme soufflé, à la portée intime.

Malgré les nombreux « Jesus » et « Oh Lord » Matthew E. White se décrit comme agnostique, surtout très critique envers l’Eglise, allez écouter Holy Moly, récit d’abus sexuels au sein de l’Eglise, sorte montée en puissance sur cinq minutes, dévastateur de colère rentrée.

Une expérience qu’il n’a pas vécue mais qui le secoue quand un ami lui en parle. White a cette réflexion à propos de la sincérité du chant : « on peut solliciter les émotions des autres sans y impliquer les siennes. Quand Bob Dylan chante “You’re gonna make me lone some when you go“, il le pense, mais sa voix ne le reflète pas, à l’inverse d’un Otis Redding qui le pense et le vit à travers sa voix ». Je vous encourage à aller voir la session qui va avec cet entretien sur la Blogothèque.

On se quitte avec Golden Robes « tout le monde est l’enfant de quelqu’un ».

extraits diffusés :

Take Care My Baby

Fruit Trees

Circle ‘round the sun

Golden Robes

Matthew E. White « Fresh Blood » (Spacebomb Records/Domino)

prochain concert en France : à la Philharmonie de Paris dans le cadre du festival Days Off le 2 juillet, à Paris.