
Vous l’avez peut-être déjà entendu ailleurs ce Fade Out Lines : ou comment un jeune DJ français (un platiniste donc) a pris la tête des ventes d’abord en Allemagne puis un peu partout en Europe (Grèce, Italie, Suisse) avec son projet The Avener. La chanson de Phoebe Killdeer date de 2011 et The Avener opère un travail de « rework » selon son expression – je vais vous expliquer ce que c’est –mais d’abord une parenthèse traductrice, qui permet peut-être de comprendre pourquoi ce titre est toujours dans l’air du temps :
« *C'est partout où je regarde (...) Juste à côté de ton oreille, Ça s'insinue doucement (...) Il n'y a rien de plus mortel Que la peur qui grandit lentement (...) La vie était riche et fructueuse, tu pouvais littéralement mordre dedans (...) Mais l'ombre grandit Et retire toute profondeur (...) Le superficiel grandit, on s’affaiblit tellement Dans cette non communication * ».
Autres mots, autre voix, venue du jazz, Andy Bey.
Les rythmes digitales (faute volontaire) de The Avener appliqués à « Celestial Blues ». Un titre qui date de 1974, parle d’un besoin de spiritualité, de l’essence de la vie, de liberté. Je vous encourage à aller l’écouter l’originale de Andy Bey, vous mesurerez ce que Tristan Casara (The Avener c’est lui) a pu retrancher et apporter avec cette lecture.
Trois compositions originales sur ce premier album « The Wanderings of The Avener » où l’essentiel des morceaux sont des « rework ». Certains diront « bidouillage » là où dans une émission culinaire on dirait « sublimer ». Reprendre les chanons écrites par d’autres, cela se fait depuis des siècles (pensez au rhapsode), et depuis des années des DJ font des succès à partir de chansons déjà parues. Exemples : « One Day » d’Asaf Avidan un de ses plus gros tubes (or au départ la maison de disque ne voulait pas du remix allemand) on pourrait ajouter « Never Be alone » de Simian revu par Justice, ou le remix de « I Follow River » de Lykke Li… la liste est sans fin.
Particularité : à l'exception de Fade Out Lines, The Avener ne travaille qu’à partir des pistes originales du morceau (signifie qu'il ne peut faire un Rework qu'en complète collaboration avec les artistes (ou leurs ayants droits) qui lui prêtent les pistes du disque. Faites votre choix donc cette semaine entre un disque de producteur très bien fait qui pille tous ceux qu’il admire en les copiant (Mark Ronson) ou un DJ qui applique sa recette à ceux qui le veulent bien. Et parmi eux, un certain Rodriguez.
Erreur de compréhension ou volonté de voir le mal partout, cette chanson que chantait Rodriguez (mais qui n’est pas de lui) a été titrée « Hate Street Dialogue » : “dialogue de la rue de la haine” alors qu’elle parle de la rue Haight Hashbury à San Francisco, très fréquentée par les hippie. The Avener a gardé le contresens.
“The Avener” d’ailleurs (histoire d’en finir avec les notes de traducteur) en vieil anglais veut dire le palefrenier du roi, logique pour un passionné d'équitation. On se quitte avec John Lee Hooker, il vous sert juste à souffrir.
extraits diffusés :
« Fade Out Line » The Avener & Phoebe Killdeer- (The Avener rework)
« Celestial Blues » – Andy Bey (The Avener rework)
« Hate Street Dialogue » –The Avener feat. Rodriguez
« It Serves You Right To Suffer » The Avener & John Lee Hooker - (The Avener rework)
« The Wanderings of the Avener » (Capitol)
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