2018 marque le cinquantenaire de Mai 68. Un anniversaire qui fera sans doute l'objet de nombreux débats et rétrospectives. Est-il essentiel de commémorer cet événement ? Cette année, la question de l'héritage de Mai 68 se pose avec encore plus d'acuité. Reportage de Claire Flochel.
- Pascal Ory Historien, spécialiste d’histoire culturelle, membre de l’Académie française
- Jean Garrigues historien, président du comité d'histoire parlementaire, membre de la commission "Les lumières à l'ère numérique"
- Daniel Cohn-Bendit Ancien député européen
Des barricades et des pavés au quartier latin, des centaines de milliers de personnes dans les rues, une France paralysée par des mouvements sociaux, la plus grande grève générale de son Histoire. C'est certain, Mai 68 a marqué une rupture.
Emmanuel Macron, né neuf ans après Mai 68, réfléchirait à une façon d'y revenir en 2018. Il ne songe pas à une commémoration officielle mais à une réflexion autour du rôle de l'utopie dans l'Histoire. L'Elysée en a discuté avec Daniel Cohn-Bendit. Mais cette année, celui qui incarne à lui seul Mai 68 ne veut pas participer à une éventuelle commémoration. "Je ne vois pas pourquoi 50 ans après, je continuerai à radoter" , a t-il expliqué.
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Nous sommes des enfants de 68
Mai 68 est un événement fondateur, sa commémoration est donc une évidence pour une société, selon Pascal Ory. "Mai 68 a été un échec politique mais une réussite culturelle sur la longue durée", explique l'historien qui cite la loi Veil, le mariage pour tous, le développement de la préoccupation écologique comme exemples. "Bien que nous soyons dans une période complètement différente, nous sommes des enfants de 68 en ce qui concerne les genres de vie", dit encore Pascal Ory.
Un anniversaire loin de faire l'unanimité
Comme Nicolas Sarkozy qui voulait, en 2007, liquider l'héritage de Mai 68, cette année encore la droite s'insurge contre la commémoration d'un mouvement qui a marqué, selon elle, le début de la fin, la fin du respect de l'autorité et la fin de la morale. Les débats ne font que commencer en ce début d'année, mais l'historien Jean Garrigues estime qu'ils ont au moins le mérite d'entretenir la mémoire : "La mémoire de Mai 68 se perd aujourd'hui, il est donc important de la faire revivre et de rappeler ce qu'a signifié ce moment dans notre vie nationale".
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