

Un médecin octogénaire va être le premier en Espagne à s'asseoir sur le banc des accusés mardi à Madrid pour une affaire de "bébés volés", un trafic qui aurait touché des milliers de familles sous la dictature de Franco.
Combien sont-ils exactement ? Nul ne peut le savoir. Et pour cause, les familles retrouvent au mieux des certificats de naissance falsifiés et parfois des petits cercueils vides à la place du nouveau-né que l’on croyait disparu. On parle de dizaines de milliers, peut-être de centaines de milliers d’enfants volés. Le scandale a éclaté au grand jour dans les années 2000.
Un médecin octogénaire va être le premier en Espagne à s'asseoir sur le banc des accusés mardi à Madrid pour une affaire de "bébés volés", un trafic qui aurait touché des milliers de familles sous la dictature de Franco.
Et c'est l’histoire d’Ines Madrigal, dont la mère adoptive l’a mise sur la piste d’un gynécologue, le docteur Vela.

Ines Madrigal apprend qu'elle a été adoptée en 1987, elle a alors 18 ans. Sa mère adoptive lui raconte que sa mère biologique est une femme qui n'avait pas les moyens de l'élever. Vingt trois ans plus tard, elle lit le journal El País et découvre l'histoire de deux hommes qui racontent avoir été vendus à la naissance.
Cela a été un coup de massue... Je vois que l'article d'El País parle d'enfants achetés à crédit à une religieuse. Il parle de la clinique San Ramon, où je suis née, et d'un certain docteur Eduardo Vela. Je me dis : "Mon Dieu, je dois regarder cela de près parce que je suis peut-être dans la même situation." Je demande la documentation de ma naissance et je découvre effectivement que les papiers ont été falsifiés et qu'ils portent la signature d'Eduardo Vela.
Comment faisait-on pour voler ces enfants à leurs mères ?
La journaliste María José Esteso Poves est l'une des premières journalistes à avoir enquêté et raconté l'histoire dans Diagonal, un journal alternatif engagé à gauche.
On soumettait les femmes à une anesthésie générale pendant l'accouchement. Au moment du réveil, on leur annonçait que le bébé était mort-né. L'équipe médicale dissuadait de voir le bébé mort en prétextant que cela allait les faire souffrir davantage. Si elles insistaient, on leur montrait un bébé mort qui était gardé dans un congélateur. Toujours le même. Ils allaient jusqu'à simuler des enterrements.
Eduardo Vela est le premier suspect de vol de bébés en Espagne à s'asseoir sur le banc des accusés. Il est poursuivi notamment pour "simulation d'enfant", "adoption illégale" et "faux en écriture".
Reportage de Mathieu de Taillac.
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