Paris, place financière la plus verte du monde....

Classement des pays en fonction du montant des obligations émises (pour financer l'Etat ou les entreprises). Source Climate Bonds Initiative 2017
Classement des pays en fonction du montant des obligations émises (pour financer l'Etat ou les entreprises). Source Climate Bonds Initiative 2017 - Bercy
Classement des pays en fonction du montant des obligations émises (pour financer l'Etat ou les entreprises). Source Climate Bonds Initiative 2017 - Bercy
Classement des pays en fonction du montant des obligations émises (pour financer l'Etat ou les entreprises). Source Climate Bonds Initiative 2017 - Bercy
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Bercy et Europlace (association qui représente la place financière de Paris) organisent aujourd'hui les Climate Finance Day. Objectif: réorienter la finance vers la transition énergétique pour sauver le climat et... montrer les compétences françaises sur le marché prometteur de la finance verte.

C'est en 2015 que les acteurs financiers se sont réellement intéressés au climat. Pas par philanthropie, mais parce qu'ils ont compris que le changement climatique était un risque pour les produits financiers qu'ils achètent, vendent ou émettent.  

  • Est-il prudent d'investir dans des raffineries de pétrole si cette énergie est condamnée à disparaitre?  
  • Est-il possible que j'en sois tenu responsable si des victimes du réchauffement climatique m'attaquent en justice en tant que financeur?  
  • Et si les catastrophes naturelles se multiplient encore, vais-je pouvoir, moi assureur, tenir mes engagements sans faire faillite?   

Toutes ces questions travaillent réellement les institutions financières, et de plus en plus la finance se cherche un avenir en vert. 

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Le problème c'est qu'on ne sait toujours pas ce qu'est un risque climat, explique dans le reportage Caroline Delérable, associée chez Ey,  qui aide les institutions financières à évaluer ce risque. 

Le problème c'est que le temps presse, et que les lois ne sont toujours pas contraignantes. La loi de transition énergétique (article 173) demande aux assureurs et sociétés de gestion de produire un rapport dans lequel elles expliquent si  1/ elles ont pris en compte des critères d'environnement sociaux et de gouvernance dans leurs investissement 2/ quel est l'impact climat de leurs investissements... Or peu le font, alors que le temps presse. 

On danse toujours sur le pont du Titanic, mais on sait que les investissements financiers doivent changer radicalement d'ici 2020 si on veut rester dans une trajectoire à 2 degrés, Anne-Catherine Husson-Traoré, directrice de Novethic, un organisme qui accompagne et certifie les démarches bas carbone des entreprises

Le problème, c'est que la BCE qui achète depuis 2016 plusieurs milliards d'euros d'obligations d'entreprises n'a pas voulu être moteur de ce verdissement de la finance en faisant des choix en fonction du climat, regrette Michelle Lepetit, directeur de Riskergy, un think tank sur la transition énergétique. 

Le problème, c'est que les pouvoirs publics, et les gouvernements pensent que la finance va se réorienter d'elle même vers les investissements climato-compatibles, et que cette stratégie du laisser faire ne marchera pas car le temps presse, estime Maxime Combes, porte parole d'Attac sur les questions climatiques. 

Taxer, interdire, contraindre, ce n'est pas l'approche du nouveau gouvernement qui veut surtout, avec ces "Climate finance day", mettre en avant les compétences de la place financière de Paris sur la finance verte. Les produits financiers verts ne représentants que 0.1% de ceux qui existent, il y a, en effet, un marché à prendre.

Le problème, c'est qu'il n'y a toujours pas de définition claire de ce qui est vert ou pas. Des standards existent, mais libre à chacun de les utiliser, et des obligations dites vertes sont donc utilisées pour financer l'aéroport de Mexico, plus écolo que le précédent, ou des installations pétrolières, moins consommatrices d'énergie que la moyenne...  Une obligation verte ne fait pas forcément du bien au climat. Il devrait s'en vendre 100 milliards cette année, deux fois plus qu'en 2015, mais, encore une fois, cela ne représente que 0.1% du total des obligations émises.  

De quoi mesurer l'ampleur du défi qui attend les institutions financières, les pouvoirs publics, et les épargnants, pour que l'argent s'oriente d'un coup radicalement vers ce qui peut limiter le réchauffement à deux degrés.

Marie Viennot 

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