Sur la nouvelle route des migrants, au Niger, aux portes du désert

Sur la route des migrants, de Niamey à Agadez, au Niger.
Sur la route des migrants, de Niamey à Agadez, au Niger. ©Radio France - Eric Audra
Sur la route des migrants, de Niamey à Agadez, au Niger. ©Radio France - Eric Audra
Sur la route des migrants, de Niamey à Agadez, au Niger. ©Radio France - Eric Audra
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Ils viennent de Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun ou Mali et rêvent d'Europe. Pour atteindre le vieux continent, ils traversent le Niger, dernière étape avant d'arriver en Libye. Reportage dans un "ghetto", dans le désert, près d'Agadez, où les passeurs ont ouvert de nouvelles routes.

La semaine dernière, à l'issue du sommet Europe/Afrique, les dirigeants africains ont décidé de créer une force d'intervention pour lutter contre les trafiquants d'êtres humains. Le Niger se trouve sur la route des migrants, avant la Libye, et les passeurs y sont nombreux. Dans les faits, depuis un an, et sous la pression de l'Union européenne, le Niger arrête déjà des dizaines de trafiquants pour freiner le flux de migrants. Un flux qui s'est d'ailleurs tari, mais les passeurs ont ouvert de nouvelles routes dans le désert. Ces routes sont moins surveillées, mais plus dangereuses. 

A Agadez, dans le nord du Niger, et aux portes du désert du Ténéré, Géraldine Hallot et Eric Audra ont rencontré ces réfugiés qui rêvent d'Europe, mais aussi des passeurs. Pour les trouver, ils ont dû slalomer, tous phares éteints, entres les maisons en terre pour ne pas se faire repérer par la police.

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Le Magazine de la rédaction
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Les passeurs hébergent les migrants dans ce qu'ils appellent un ghetto, au milieu de nulle part. Parmi les aspirants au départ, Sinama Traoré, un jeune Ivoirien de 16 ans. 

On attend le convoi pour aller en Libye et espérer traverser pour aller en Europe. Pour arriver ici, c'est très dur. La police nigérienne est très très méchante. Ils nous ont frappés sur la route, ils nous ont pris de l'argent. Donc ici, nous sommes très discrets, nous sommes comme des fantômes.

A gauche Sinama Traoré, 16 ans, ivorien, et à droite Ibrahim Diarra, 15 ans.
A gauche Sinama Traoré, 16 ans, ivorien, et à droite Ibrahim Diarra, 15 ans.
© Radio France - Eric Audra

Le gérant du ghetto, le passeur, se fait appeler "Sniper". Il s'occupe de huit migrants et raconte qu'il faut quatre jours pour arriver en Libye, qu'il cache les personnes dans un camion. 

"Sniper", chef du « ghetto » et passeur
"Sniper", chef du « ghetto » et passeur
© Radio France - Eric Audra

Face à la répression accrue du gouvernement du Niger, les passeurs trouvent des alternatives et donnent rendez-vous aux migrants dans le désert, mais la route est très dangereuse.

On prend beaucoup de risques pour les acheminer dans le désert, explique un passeur. Même toi qui les transportes, tu peux mourir de faim ou de froid, si tu tombes en panne, personne ne vient te sauver. C'est incroyable la foi qu'ont ces migrants. Ils s'en foutent de la mort. Eux, leur objectif, c'est l'Europe et quel qu'en soit le prix !

Sinama et Ibrahim s’apprêtent à partir dans le désert, direction la Libye et espèrent-ils, l’Europe.
Sinama et Ibrahim s’apprêtent à partir dans le désert, direction la Libye et espèrent-ils, l’Europe.
© Radio France - Eric Audra

Trois jours plus tard, "Sniper", au milieu de la nuit, fait partir un groupe de migrants. Il les emmène deux par deux sur une moto dans le désert pour être plus discret. Puis, ils monteront tous dans un pick-up pour espérer atteindre la Libye, dernière étape africaine dans leur douloureux périple.