

900 000 personnes sont en situation de surpeuplement, selon la Fondation Abbé Pierre. Un phénomène qui s'accentue depuis plusieurs années. Le manque de place dans les habitations peut avoir des conséquences sur le développement de l'enfant. Reportage de Mélanie Juvé.
Selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, 900 000 personnes, dont 300 000 mineurs, vivent en état de surpeuplement accentué en France. C'est-à-dire qu'il leur manque deux pièces dans leur logement pour vivre correctement. C'est le cas de Fatime, qui vit depuis 12 ans avec ses trois filles dans un appartement de 29 m2 à Paris. Vivre dans un espace réduit a des conséquences sur le développement de ses enfants. Témoignages recueillis par Mélanie Juvé.
Meriem, 12 ans : "J'aimerais un jour avoir ma chambre à moi"
Dans la seule chambre de l'appartement se trouve un lit superposé de trois places. C'est là où dorment Meriem, 12 ans, Sabrina, 11 ans, et Sarah, 5 ans. "Même si elles ont un petit espace chacune, le lit est pratique pour notre surface," explique leur maman, Fatime, 32 ans. La chambre est remplie de vêtements et jouets, tout comme le reste de l'appartement, où chaque espace est utilisé. Difficile pour Meriem de trouver un espace à elle :
Je trouve que je n'ai pas assez d'intimité, on est trois empilées, c'est trop. J'aimerais bien un jour avoir ma chambre à moi toute seule, parce qu'on a notre intimité, nos affaires avec nous.
Parce que leur logement est trop petit, les filles n'osent pas inviter de copains et copines. "Une fois, on a invité une amie qui a dit : 'Votre maison est toute petite.' Elle l'a répété à toute la classe et on s'est moqué de moi", explique Meriem.
Fatime, maman de 32 ans : "Mes filles ne peuvent pas faire toutes les activités qu'elles veulent à la maison. Je leur en interdit pour leur sécurité"
Cela fait sept ans que la famille habite dans ce 29 m2. Fatime vit avec 400 euros par mois d'allocations et elle est sans emploi. Il lui est impossible pour l'instant de changer de logement, dont le loyer s'élève à 800 euros :
Si ce n'était que pour moi, je resterais ici. Mais par rapport à mes enfants, c'est dur. Je pense que ce logement restreint leurs possibilités dans la vie. Cela impacte leur scolarité, surtout au collège.
Pour les devoirs, Meriem et Sabrina doivent se partager les quelques espaces libres : une petite table dans leur chambre ou la table à manger dans le salon. Sinon, elles révisent dans leur lit. Pour Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, les enfants sont les premières victimes de la surpopulation :
Toutes les études montrent que les conséquences sur la santé et la scolarité sont plus dures sur les enfants, et cela commence avant 3 ans. Quand vous êtes en surpeuplement, vous avez plus de difficultés à identifier les couleurs, les formes, à prononcer les premiers mots.
Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre, les enfants en situation de surpeuplement ont 40% de risque en plus de redoubler entre 11 et 15 ans.


L'équipe
- Journaliste
- Collaboration
- Collaboration