Alain Supiot : Grandeur et misère de l’État social

Alain Supiot au Collège de France
Alain Supiot au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
Alain Supiot au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
Alain Supiot au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
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La leçon inaugurale, "Grandeur et misère de l'État social" a été prononcée le 29 novembre 2012, dans le cadre de la chaire État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités.

Avec
  • Alain Supiot Juriste, docteur honoris causae, professeur émérite au Collège de France

Chaque jour, nous vous proposons l’état des lieux d’une recherche depuis le bel amphithéâtre Marguerite de Navarre du Collège de France. Cet état des lieux est aussi le reflet des changements de notre monde et de nos cultures. Hier, nous suivions avec l’historien-sociologue, Pierre-Rosanvallon les mutations de la démocratie et comment en faisant l’histoire, on s’approprie selon lui le « laboratoire en activité de notre présent ».

Nous restons du côté de l'engagement politique pour partie et de l'engagement social avec le juriste, Alain Supiot qui a prononcé le 29 novembre 2012, la leçon inaugurale intitulée « Grandeur et misère de l’État social » dans le cadre de la chaire « État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités ».

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Alain Supiot rappelle l’histoire juridique de l’Etat social et sa genèse à la croisée des autres disciplines :

« L’invention de l’État social n’a pas été l’affaire des seuls juristes, mais a beaucoup emprunté aux sciences sociales naissantes, dont on pensait qu’elles étaient à même de donner une base solide à une juste organisation de la société. Le Collège de France a contribué à cette entreprise durant la première moitié du xxe siècle par la création de plusieurs chaires consacrées à l’histoire du travail, à la prévoyance et l’assistance sociales, ou à l’enseignement de la coopération. »

Yves Bonnefoy, disparu ce week-end, avait succédé à Roland Barthes en 1981 et revenant sur son expérience au Collège de France, il soulignait les possibilités de dialogue entre les différentes chaires, comment il s'agissait d' « écouter la façon d’expérimenter des autres »… Vous le verrez Alain Supiot au cours de sa leçon inaugurale s’il ne manque de dire sa dette à ses maîtres, le « grand travailliste » Gérard Lyon-Caen et Jean-Jacques Dupeyroux, apôtre du « caractère révolutionnaire du droit de la sécurité sociale », rend aussi hommage au précurseur Kafka qui s’est investi dans la « mise en œuvre de la loi sur les accidents du travail » dans les années 1880 et aussi à ses collègues du Collège de France avec lesquels il a pu échanger, Mireille Delmas-Marty sur les « autres façons d’instituer les solidarités humaines », avec Anne Cheng sur la Chine mais aussi avec Marc Fontecave, titulaire de la Chaire Chimie des processus biologiques

Aux rôles des autres disciplines s’ajoutent celui des pays pour répondre aux défis de la révolution industrielle : « le droit du travail contemporain » a trouvé « ses racines doctrinales en Allemagne », tandis que l’on doit au Royaume Uni « l’instauration d’un système universel de sécurité sociale » et à la France la « théorie des services publics ». Avec la révolution industrielle, a poussé une « épaisse forêt de règles disparates », « dont certains annoncent aujourd’hui l’inexorable étiolement. »

Spécialiste du droit social, fondateur à Nantes de l'Institut français d'études avancées, Alain Supiot défend la « valeur heuristique » du concept de « solidarité » pour étudier le sort de l’Etat Social à l’heure de la mondialisation. Il s’engage pour le droit du travail contre les diktats des « calculs économiques » ce qu’il appelle "la gouvernance des nombres" pour reprendre le titre de son livre paru chez Fayard en 2015 et de sa première série de cours au Collège de France.

Dans une interview récente donnée à Médiapart autour de la loi El Khomri, il s’insurge « On parle aujourd’hui indifféremment de réforme du marché du travail ou du droit du travail, comme si le marché s’identifiait au droit ». Pour faire le lien, de la leçon inaugurale prononcée en 2012, que vous allez entendre, au regard critique sur les dernières évolutions de la question sociale, rappelons l’interview donnée récemment à Christine Goémé, dans le cadre de l’Eloge du Savoir, le 22 juin 2016.

Alain Supiot souligne encore :

« L’organisation de la solidarité est une question d’avenir qui se pose en toute société et non un monument historique qu’on pourrait raser ou conserver en l’état. » (Le Monde Diplomatique, 1er nov 2014).

Juriste, Alain Supiot dirige la collection « Poids et mesures du monde » aux éditions Fayard. En 2012, il a été nommé professeur au Collège de France, titulaire de la chaire État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités.

Alain Supiot au Collège de France
Alain Supiot au Collège de France
- Patrick Imbert / Collège de France

Pour prolonger :

  • Archive Ina, extrait interview d'Yves Bonnefoy en 2001 sur France Culture à propos de l'année 1981, année de son entrée au Collège de France.
  • Présentation de l'Institut d'études avancées Nantes