La littérature, pour quoi faire ? Leçon inaugurale d'Antoine Compagnon

Antoine Compagnon
Antoine Compagnon - Patrick Imbert / Collège de France
Antoine Compagnon - Patrick Imbert / Collège de France
Antoine Compagnon - Patrick Imbert / Collège de France
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Que peut la littérature ? Permet-elle de "respirer", de "mieux jouir de la vie", de "mieux la supporter" ?... La littérature pour quoi faire ? s'interroge Antoine Compagnon qui revient sur ses pouvoirs. Il nous explique pourquoi faire l'éloge de la littérature en 2006.

Avec
  • Antoine Compagnon Professeur au Collège de France depuis 2006, titulaire de la chaire de Littérature française moderne et contemporaine

A l’heure où le « lieu » de la littérature et de la lecture s’est amenuisé, la question n’est plus « qu’est-ce que la littérature ? » mais « la littérature pour quoi faire »? C’est la question que pose Antoine Compagnonquand il inaugure sa chaire.

Il avoue avoir été « déconcerté par le demande, le besoin de littérature » à son arrivée au Collège de France. 

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Comme Bergson au début du siècle, Antoine Compagnon suscite les passions. « On fait la queue » pour ses leçons. Son cours sur Montaigne, adapté en chronique sur France Inter, puis en livre, sous le titre, Un Eté avec Montaigne est devenu un inattendu best-seller en 2013. L’écrivain Philippe Besson décrit Antoine Compagnon en « passeur, en intercesseur », « Comme Montaigne, son modèle ».

« Son enseignement convoque la raison et non la mémoire. Les gens doivent se sentir plus intelligents en sortant. C’est-à-dire aussi plus sceptiques ».

Au micro de Christine Goémé, ce fils d’un général qui a entraîné sa famille de l’Europe aux Etats-Unis, évoque sa « formation stimulante » à Polytechnique et « une licence de lettres pour se distraire ». A propos de sa thèse, sur l’histoire de la citation chez Montaigne, il parle d’une « recherche naïve d’ingénieur qui se demande comment les livres sont faits ». Marc Fumaroli qui l’a intronisé au Collège de France rappelle que

« c’est Roland Barthes qui a « converti » Antoine Compagnon, au sens presque religieux du texte, à la littérature ».

De Barthes, dont il fut l’élève et l’ami, Antoine Compagnon retient l’acte de foi :

« la littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer »

Justement que peut la littérature ? demande Sartre en 1964.

« L’écrivain engagé impute à la littérature le pouvoir de nous faire échapper aux forces d’aliénation ou d’oppression, – même si aucun livre n’a jamais empêché un enfant de mourir ».

Antoine Compagnon qui se partage entre l’université de Columbia et le Collège de France, ne cesse de réunir la théorie, l’histoire et la critique, pour « percer la contradiction entre la littérature et la modernité ».

Antoine Compagnon nous entraîne des exercices spirituels de Montaigne aux affirmations d’un Johnson :

« la seule fin de la littérature est de rendre les lecteurs capables de mieux jouir de la vie ou de mieux la supporter »

Pour le philologue, historien, il est temps de faire « à nouveau l’éloge de la littérature, de la protéger de la dépréciation". 

Nous rejoignons Antoine Compagnonpour sa leçon inaugurale « La Littérature pour quoi faire ? » le 30 novembre 2006 au Collège de France.

Pour prolonger :

Ecouter l'émission La nuit rêvée, France Culture.

" Antoine Compagnon, star discrète des amphis", Juliette Cerf, Télérama. Article publié en 2014.