Pierre Rosanvallon : « Pour une histoire conceptuelle du politique »

Pierre Rosanvallon au Collège de France
Pierre Rosanvallon au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
Pierre Rosanvallon au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
Pierre Rosanvallon au Collège de France - Patrick Imbert / Collège de France
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La Leçon inaugurale de Pierre Rosanvallon, « Pour une histoire conceptuelle du politique » a été prononcée le 28 mars 2002 pour la chaire Histoire Moderne et Contemporaine du politique. Comment en faisant l’histoire, on s’approprie "laboratoire en activité de notre présent".

Avec
  • Pierre Rosanvallon historien, professeur émérite au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France

En coproduction avec le CNED

C’est la tradition pluriséculaire du Collège de France d’offrir à un public libre et ouvert l’accès à l’état des lieux d’une recherche. La leçon inaugurale, ce cours magistral, appelé « harangue » au 17e siècle, introduit une série de leçons à venir. Elle est lue et donnée avec cœur et non sans éloquence, ni émotion, ou sens de la pédagogie.

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Ce « rituel proprement magique » comme le qualifie le sociologue Bourdieu entendu dans le générique est aussi « rite de passage devant ses pairs ». Tous ceux qui se sont livrés à l’exercice narrent leur émotion mêlée de joie mais aussi la peur au ventre comme le rappelle l’historien Duby, devant un public venu nombreux et divers comme le soulignent à leur façon André Gillois et Françoise Héritier.

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Moment unique, la leçon inaugurale est donnée dans le bel amphithéâtre Marguerite de Navarre - Marcelin Berthelot. Ce n’est plus la petite salle 8 du temps de Bergson. C’est désormais une grande salle – on la dira 2.0… bien équipée d’un grand écran pour projeter équations, images, citations, tout un ensemble numérique qui a fait entrer la harangue dans le XXIE siècle.

Pour ouvrir notre série estivale, où nous croiserons informaticiens, chimistes, créateurs, économistes, juristes, physiciens, tous les savoirs qui accompagnent les changements du monde, voici la Leçon inaugurale de Pierre Rosanvallon, prononcée le 28 mars 2002 et intitulée « Pour une histoire conceptuelle du politique » dans le cadre de la chaire Histoire Moderne et Contemporaine du politique.

Avec méthode et passion, l'historien-sociologue, Pierre Rosanvallon plaide pour le regard rétrospectif, la recherche généalogique d’un phénomène.

« Parce qu’elle est fondatrice d’une expérience de liberté, l’histoire de la démocratie, a-t-il noté, n’est pas seulement celle d’une expérience contrariée ou d’une utopie trahie : en elle se sont enchevêtrées l’histoire d’un désenchantement et l’histoire d’une indétermination ».

« La démocratie est une histoire » nous dit-il et pour lui, cette « histoire a pour fonction de restituer des problèmes plus que de décrire des modèles. » De la Contre-Démocratie au Bon gouvernement (ouvrage inspiré de ses derniers cours et paru au Seuil en 2015 », l’historien n’a eu de cesse d’explorer les mutations de la démocratie et son image en creux que sont les "inaccomplissements, les fractures, ses limites", d’interroger la défiance des citoyens. Très fidèle à son parcours entre une approche sensible du terrain et un questionnement ouvert, dans une interview récente donnée à la revue Esprit, Pierre Rosanvallon rappelait qu'il n'avait pas toujours été universitaire avant d'être élu à l**'EHESS,** son premier laboratoire de réflexion a été à la permanence de la CFDT quand il réfléchissait autour des thèmes de "l'appropriation sociale des décisions."

En fin de leçon inaugurale, il invite à surmonter les tensions, il prône un regard civique et serein sur le monde. Revenant à sa joie d’être là, comme jadis Roland Barthes, qui rêvait tout haut sa recherche, a pu dire sa joie d’être au Collège de France, Pierre Rosanvallon rappelle que ses illustres prédécesseurs ont été "d’infatigables citoyens" qui n’ont eu de cesse "d'allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté" pour reprendre une formule de Romain Rolland.

Dans Le Bon gouvernement, il note que face aux messianismes en tout genre et au risque oligarchique,

« l'avenir peut être pensé autrement dans sa positivité : comme possibilité d'une maîtrise du monde, comme capacité de faire consciemment l'histoire. »

Cet engagement citoyen et conscient s’exprime aussi en dehors du Collège de France notamment dans le projet Raconter la vie qui permet aux « invisibles et aux sans voix » de témoigner.

Pierre Rosanvallon
Pierre Rosanvallon
- Patrick Imbert / Collège de France

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