Stanislas Dehaene : Vers une science de la vie mentale

Aujourd’hui, nous disséquons le cerveau, nous traquons la proto-arithmétique, les mécanismes de la reconnaissance visuelle des mots, les images subliminales, en compagnie de Stanislas Dehaene : nous partons à la recherche du "Code de la conscience", pour reprendre le titre de son dernier livre chez Odile Jacob en 2014, avec en toile de fond la question pour cette leçon inaugurale « se pourrait-il que notre vie mentale soit régie par quelques principes généraux d'architecture cérébrale ? »

Normalien, Stanislas Dehaene est décrit comme un brillant mathématicien, « d’une grande vivacité d’esprit », selon la formule de Jean-Pierre Changeux, illustre neurobiologiste et Professeur au Collège de France, qui l’engage dans son équipe, justement pour ces qualités, aux côtés de Jacques Mehler, pionnier des sciences cognitives, pour résoudre le différend qui oppose les deux grands chercheurs « sur l’apport de la neuroscience à la psycho-linguistique » ( voir portrait dans Sciences et Avenir, 24 mai 2015). Mais ce sont les progrès de l’imagerie médicale qui vont permettre quelques années plus tard d’observer les fonctions cognitives du cerveau et d’ouvrir de nouvelles perspectives à la croisée de la biologie, de la génétique et des innovations technologiques.

Spécialiste de psychologie cognitive, directeur de recherche à l’Inserm pendant près de 10 ans, Stanislas Dehaene fait équipe avec des neurologues. Avec Laurent Cohen, il se penche sur les patients acalculiques, qui ont perdu toute intuition du nombre et avec Lionel Naccache, dont les patients sont dans le comas ou en état végétatif, « il réalise les premières images cérébrales du traitement subliminal des chiffres et des mots ».

L’intuition des nombres va se nicher en particulier dans les circuits du lobe pariétal. Et l’on découvre que cette proto-arithmétique est présente chez le bébé et dans de nombreuses espèces animales, comme les oiseaux ou les primates. La région occipito-temporale gauche « apparaît comme le nœud essentiel du réseau central de la lecture », ce qui pose une belle question :

« comment se peut-il que le cerveau dédie une région à la lecture, la même chez tous les individus, toujours à la même position (…) dans toutes les cultures » quelle que soit la langue

Après des « décennies d’absence », c’est le retour de la psychologie au Collège de France, avec la chaire nouvellement créée de « Psychologie cognitive expérimentale » qu’inaugure, Stanslas Dehaene avec la leçon intitulée « Vers une science de la vie mentale, le 27 avril 2006. Les avancées conjointes de la psychologie et de la neuro-imagerie cognitive vont-elles "rendre enfin visibles, comme à crâne ouvert, l’invisible de la pensée" ?

Pour prolonger :

Edition électronique de cette leçon.

Le texte de cette leçon a paru chez Fayard, en 2006.

Sciences et Avenir, PORTRAIT. Stanislas Dehaene, le déchiffreur de cerveau, par Par Elena Sender, 24.05.2015