Audrey Chapuis : l'American library comme refuge

Audrey Chapuis, 41 ans, est depuis 2018 directrice de la Bibliothèque américaine de Paris.
Audrey Chapuis, 41 ans, est depuis 2018 directrice de la Bibliothèque américaine de Paris. ©Radio France - Sarah Mansoura
Audrey Chapuis, 41 ans, est depuis 2018 directrice de la Bibliothèque américaine de Paris. ©Radio France - Sarah Mansoura
Audrey Chapuis, 41 ans, est depuis 2018 directrice de la Bibliothèque américaine de Paris. ©Radio France - Sarah Mansoura
Publicité

La directrice de l'American Library in Paris veille sur un lieu très particulier pour la communauté américaine en France. Depuis cent ans, la bibliothèque regorge de trésors littéraires. Mais elle s'impose aussi comme un espace précieux pour les Américains, surtout à l'aube de la présidentielle.

Son nom peut sembler français, mais qu'on ne s'y trompe pas : Audrey Chapuis est une Texane, tout droit venue d'Austin, born and raised. "Audrey", en hommage à Audrey Hepburn, et "Chapuis", nom emprunté à son mari, français, rencontré durant ses études à Chicago, dans l'Illinois. "C'est un problème, parce que les gens pensent que je suis Française, et malheureusement, je suis très Américaine", rit-elle d'emblée. "Alors je parle français, mais pas si bien que ça", s'excuse-t-elle, dans un français presque parfait. 

Le rêve américain à Paris

Audrey Chapuis n'aurait jamais imaginé, un jour, prendre la tête de l'American Library in Paris, ou Bibliothèque américaine à Paris. Mais sa carrière de bibliothécaire a germé très tôt : "Toute ma vie, j'ai été obsédée par les livres. Au moment où j'ai découvert que je pouvais avoir un master en 'Library science', j'ai dit, 'mais ça, c'est pour moi !'", se souvient-elle. Après un passage par le Massachusetts, un master à Chicago, dans l'Illinois, des expériences en Allemagne et en Autriche, elle pose ses valises à Paris, avec son mari, et devient immédiatement bénévole à l'American Library.

Publicité

Paris, ce "mythe littéraire" avec Henry Miller, Anaïs Nin, Ernest Hemingway

54 sec

Aujourd'hui, à 41 ans, elle dirige ce lieu désormais centenaire. "On est une petite équipe, de treize personnes, et l'ambiance est très internationale, pas seulement américaine. Nos membres sont originaires de 60 pays, et 40% sont des Américains. Mais c'est vrai que c'est une espèce d'ancre culturelle, pour nous."

"Cet échange culturel, c'est important pour nous"

1 min

Cela reste difficile d'être loin, surtout en ce moment.

Une ancre, voire une bulle. "C'est très facile de rencontrer des Américains ici, j'ai l'impression que je connais tous les Américains de Paris", s'amuse-t-elle. "Cela reste difficile d'être loin de notre pays, surtout en ce moment, avec les élections. On n'est pas là, il y a une angoisse, une barrière, alors la bibliothèque est aussi un lieu pour se retrouver. On dit, en anglais, 'commiserate' [compatir, se soutenir]". 

Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

La lecture comme refuge

"Je trouve que le discours [médiatique, durant la campagne américaine] est tombé si bas. Il faut que les gens gardent l'espoir qu'on a une autre façon de parler. La bibliothèque reste un endroit où on peut avoir un échange très profond, sur des idées. C'est civil. Les gens peuvent avoir des idées très différentes, mais on peut parler avec une certaine compréhension. _Ce symbole de conversation civile est plus important que jamais__. Et, aussi, la lecture. Les bibliothèques, les librairies sont vraiment importantes. Les gens lisent plus qu'avant, on voit cela, ici"_, souligne Audrey Chapuis. 

Pour moi, être seule avec un livre, c'est le bonheur complet. On a ce silence de pensée.

D'où un besoin, selon la bibliothécaire, de se recentrer sur la culture et en particulier, la lecture. "Ce bruit venu des Etats-Unis, ce spectacle, ça me fatigue. Je suis beaucoup sur Twitter. Mais c'est fatigant ! Cela me prend toute ma force mentale, émotionnelle. Alors pour moi, être seule avec un livre, c'est le bonheur complet. On a ce silence de pensée, qu'on perd très vite", regrette-t-elle.

Alors, comme les quelque 5 000 membres de la bibliothèque, Audrey Chapuis plonge autant que possible dans les 100 000 ouvrages réunis sous ce toit. En français, elle ne lit que Leïla Slimani. En anglais, elle épuise 90 livres par an, Tessa Hadley et Ottessa Moshfegh en tête.

Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Se plonger dans les "choses profondes", comme elle le dit simplement, c'est refuser d'assister passivement au spectacle qu'est devenue la campagne pour l'élection présidentielle, outre-Atlantique. Bien sûr, elle a voté. Par correspondance, dans l'Illinois. Elle gardera sa neutralité, mais confie qu'elle aurait préféré voter au Texas. 

A la bibliothèque américaine, la communauté se soude autour d'un paradoxe. La vie d'expatrié, en France, et l'hyper-connexion avec les Etats-Unis, le besoin de garder un lien. Cela passe par une nuit blanche mardi 3 novembre.

L'équipe