A l'Elysée avant 1958 : figuration, influence, pouvoir ?

Raymond Poincaré à Toulouse en septembre 1913
Raymond Poincaré à Toulouse en septembre 1913
Raymond Poincaré à Toulouse en septembre 1913
Raymond Poincaré à Toulouse en septembre 1913
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La vulgate est bien établie. La situation et le rôle de président de la République, qui est doté sous la Cinquième de pouvoirs essentiels, au cœur des institutions, seraient en violent contraste avec ceux de ses prédécesseurs d’avant 1958, au temps de la Troisième et de la Quatrième ...

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La vulgate est bien établie. La situation et le rôle de président de la République, qui est doté sous la Cinquième de pouvoirs essentiels, au cœur des institutions, seraient en violent contraste avec ceux de ses prédécesseurs d’avant 1958, au temps de la Troisième et de la Quatrième : ceux-ci n’ayant eu guère que des fonctions protocolaires, voués, comme l’a dit de Gaulle un jour, « à inaugurer les chrysanthèmes ». Le même de Gaulle qui, évoquant dans ses mémoires sa rencontre, après le Libération, avec Albert Lebrun, hôte malheureux de l’Elysée lors de la débâcle de 1940, écrivait : « Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef et qu’il y eût un Etat ». Et pourtant, la réalité est plus compliquée. Non pas qu’il s’agisse de nier que la constitution de 1958, complétée en 1962 par l’élection du Président au suffrage universel, ait marqué une évolution majeure dans l’équilibre des pouvoirs en France. Mais les oppositions binaires nuisent souvent à la compréhension des mutations. Depuis Jules Grévy, dans les années 1880, jusqu’à René Coty, élu en décembre 1953, les présidents de la République antérieurs ont pesé sur le destin de la Nation de façon fort inégale et sur le longue durée, dans l’ensemble, de manière croissante. Une évolution qu’il m’a parue intéressant d’éclairer, à un an de la prochaine échéance qui déjà occupe tant les esprits. Nous allons le faire en tirant avantage de la parution d’un ouvrage qui est d’importance majeure, celui de Nicolas Roussellier, mon invité, qui enseigne de longue date à Science-Po. Son livre s’intitule La force de gouverner et il porte comme sous-titre : Le pouvoir exécutif en France du XIXe au XXIe siècle. Un livre qui foisonne en informations, en réflexions, en suggestions pertinentes. Le sens des nuances, omniprésent, n’y affaiblit jamais la fermeté du propos. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

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- Investiture du général De Gaulle, le 8 janvier 1958 (Extrait du discours du président sortant René Coty suivi du discours du Général de Gaulle).

- Chanson « La démocratisation de l’Elysée » de Victor Tourtal (1906), interprétée ici par Paul Barré dans les années 1960.

- Extrait du discours du Président Albert Lebrun prononcé le 2 juillet 1939 à Montpellier à l’occasion des fêtes du vin.

- Extrait du discours du Président Raymond Poincaré, prononcé à l’Hôtel des Invalides, à l’occasion du transfert des restes de Rouget de Lisle, le 14 juillet 1915.

- Extrait du discours d’Edouard Daladier, président du Conseil, rendant hommage à Emile Loubet (Président de la république de 1899 à 1906), à l’occasion de l’inauguration du monument à Emile Loubet à Montélimar, le 2 avril 1939.

Bibliographie :

- Nicolas Roussellier, La force de gouverner, le pouvoir exécutif en France, XIXe-XXIe siècle, Gallimard, 2015.

**- Nicolas Roussellier, Le Parlement de l’éloquence. _****La souveraineté de la délibération au lendemain de la Grande Guerre**_, Presses de Sciences Po, 1997.

- Serge Berstein, Chef de l’Etat : L’histoire vivante des 22 présidents à l’épreuve du pouvoir, Armand Colin, 2002.

- René Rémond, La République souveraine. La vie politique en France (1879-1939), Fayard, 2003.

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