- Grégoire Kauffmann historien, spécialiste des droites radicales, enseignant à Sciences po Paris, auteur du livre « Le nouveau FN : les vieux habits du populisme », ed. Seuil/collection La République des Idées.
Lors des premières décennies de la Troisième République, se trouvent entremêlées de la gauche à la droite les composantes multiformes de l’antisémitisme moderne.

Ne laissons pas je ne sais quel irénisme naïf nous dissimuler cette réalité : l’antisémitisme s’aggrave en Europe et en France en particulier, en violent antagonisme avec les valeurs primordiales de la République telles qu’elles sont issues du meilleur des Lumières. Quand bien même il faut prendre garde comme pour toutes les époques, à ne pas surévaluer le degré de représentativité des crimes, des cris, des profanations et même des lapsus qui créent la douleur et mettent en alerte, on ne peut pas ces temps-ci faire l’économie d’une réflexion sur l’histoire de ce fléau, sur la diversité dans la longue durée de ses ressorts comme de ses manifestations intellectuelles, politiques et sociales. Sur les rythmes de ses expressions, non moins, entre cheminements souterrains et brusques surgissements. Le sujet étant immense, j’ai choisi ce matin de concentrer notre attention sur la période spécifique des premières décennies de la Troisième République – parce que s’y trouvent entremêlées de la gauche à la droite les composantes multiformes de l’antisémitisme moderne en mouvement et, peut-on dire, en construction.
Mon invité, Grégoire Kauffmann , docteur en histoire, qui enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris, a publié une biographie essentielle d’Edouard Drumont, le rédacteur de La Libre Parole , journal de son combat, l’auteur de La France juive , best-seller des années 1880, Drumont qui fut le propagandiste halluciné d’une obsession. Prendre la mesure de son influence, ce fut pour Grégoire Kauffmann l’occasion d’une analyse féconde des dimensions, c’est-à-dire aussi des limites, de la diffusion en surface et en profondeur, de cette doctrine de haine. Il va nous faire profiter de son enquête. Jean-Noël Jeanneney
Programmation sonore :
- Extrait du discours de Paul CHACK lors de la remise du prix Edouard Drumont à Joseph-Marie ROUAULT le 29 avril 1944.
- Extrait du téléfilm d’Emmanuel BOURDIEU « Drumont, histoire d’un antisémite français » , diffusé sur France 2 en 2010 (avec Denis PODALYDES).
**- Extrait de La Libre Parole ** d’Edouard DRUMONT, daté du 20 avril 1892 (premier numéro), lu par Henri POIRIER, dans l’émission « Frissons fin de siècle » de Jean-Pierre RIOUX, diffusée sur France culture le 28 août 1990.
- Extrait de Scènes et doctrines du nationalisme de Maurice BARRES (1902) , lu par Jean TOPART dans l’émission « Analyse spectrale de l’Occident » de Pierre SIPRIOT, le 2 décembre 1967.
- Extrait du « J’accuse… ! » d’Emile ZOLA, publié dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898 , lu par Jean TOPART dans l’émission « Analyse spectrale de l’Occident » de Pierre SIPRIOT, le 2 décembre 1967.
Bibliographie :
**- Grégoire KAUFFMANN, Edouard Drumont ** , Perrin, 2008.
**- Michel WINOCK, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France ** , Seuil, 1982 (rééd. coll. Points, 2014).
**- Bertrand JOLY, Histoire politique de l’Affaire Dreyfus ** , Fayard, 2014.
**- Philippe ORIOL, L’histoire de l’Affaire Dreyfus de 1894 à nos jours ** , Les Belles Lettres, 2014.
**- Léon POLIAKOV, Histoire de l’antisémitisme. L’Europe suicidaire, 1870-1933 ** , Calmann-Lévy, 1977.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration