Birmanie, les racines d'une violence

Manifestation de moines bouddhistes en septembre 2007 dans les rues de Rangoon
Manifestation de moines bouddhistes en septembre 2007 dans les rues de Rangoon ©AFP
Manifestation de moines bouddhistes en septembre 2007 dans les rues de Rangoon ©AFP
Manifestation de moines bouddhistes en septembre 2007 dans les rues de Rangoon ©AFP
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Le drame des Rohingyas nous sort de la tentation de l’indifférence. Événement dramatique d’où naît chez nous un étonnement. C’est cette religion bouddhiste dont on nous a dit si souvent qu’elle était pacifiste qui tolérerait une telle barbarie ? L’Histoire permet-elle de mieux comprendre cela ?

Avec
  • François Robinne Anthropologue, directeur de recherche au CNRS, membre de l’Institut d’Asie Orientale (IAO)

Rudyard Kipling l’affirmait dès 1899 : « La Birmanie est bien différente de tout pays dont vous pouvez avoir entendu parler. » Encore était-ce à ses compatriotes britanniques qu’il s’adressait, dont le pays en question était alors une colonie. Qu’aurait-il dit à des Français, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui, qui en furent toujours, culturellement et intellectuellement, éloignés davantage encore. Mais voici que le drame des Rohingyas, surgissant au premier plan de l’actualité, nous sort brusquement de la tentation de l’indifférence. Il s’agit de cette minorité musulmane martyrisée par l’armée et en grande partie rejetée au-delà de la frontière dans le Bengladesh voisin. Evénement dramatique d’où naît chez nous un étonnement qui va jusqu’à la stupéfaction. Eh quoi ! C’est cette religion bouddhiste dont on nous a dit si souvent qu’elle était foncièrement pacifiste qui tolérerait, provoquerait peut-être une telle barbarie ! Eh quoi ! La figure totémique d’Aung San Suu Kyi, cette très noble et vaillante combattante de la démocratie, Prix Nobel de la Paix en 1991, parvenue récemment au pouvoir et paraissant incarner un retour de son pays à la liberté et aux droits de l’Homme, c’est elle qui couvrirait de tels forfaits ? L’Histoire du long terme permet-elle de mieux comprendre cela ? Voilà ce que je vais demander à mon invité, François Robinne, anthropologue, directeur de recherches au CNRS, membre de l’Institut d'Asie orientale et qui a jusqu’à récemment dirigé l’Institut de recherche de l’Asie du Sud-Est contemporaine. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

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-       Reportage de Rémi Favre sur les Rohingyas, diffusé dans l’émission « Et pourtant elle tourne » de Bruno Duvic sur France Inter, le 28 avril 2009.

-       Interview de la linguiste Denise Bernot, diffusé dans l’émission « La matinée des autres » d’Olivier Germain-Thomas sur France culture le 18 juillet 1995.

-       Lecture par Pierre Mac-Orlan d’un extrait du poème de Rudyard Kipling « Mandalay » (1892), sur France culture, le 24 janvier 1954.

-       Chronique militaire diffusée le 1er août 1943.

-       Interview (France Inter, 25/09/2007) puis chanson (2008) de Jane Birkin à propos de Aung San Suu Kyi.

Bibliographie :

-       François Robinne, Prêtres et chamanes : métamorphoses des Kachin de Birmanie, L’Harmattan, 2007.

-       François Robinne, Fils et maîtres du lac, relations interethniques dans l’État Shan de Birmanie, CNRD Éditions et Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2000.

-       Aung San Suu Kyi, Se libérer de la peur, des femmes Antoinette Fouque, 1991.

-       Renaud Egreteau & François Robinne, éd., Metamorphosis : Studies in Social and Political Change in Myanmar, Singapour, NUS Press, 2016.

-       Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine, Fayard, 2010.

-       Pierre Fistié, La Birmanie ou la quête de l’unité, École française d’Extrême Orient, 1985. 

-       Bénédicte Brac de la Perrière, « Le culte des trente-sept Seigneurs dans la religion birmane », in : S. Defert, dir., Birmanie contemporaine, 2008.

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