Brésil, une dictature (1964-1985)

 Le maréchal Castelo Branco (1897-1967), président du Brésil après le coup d'État militaire de 1964.
 Le maréchal Castelo Branco (1897-1967), président du Brésil après le coup d'État militaire de 1964. ©Getty
Le maréchal Castelo Branco (1897-1967), président du Brésil après le coup d'État militaire de 1964. ©Getty
Le maréchal Castelo Branco (1897-1967), président du Brésil après le coup d'État militaire de 1964. ©Getty
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Le nouveau président, Jair Bolsonaro, élu en octobre 2018, proclame son admiration pour la période de la dictature. Considérer de près cette époque faussement lointaine, c'est une manière d'analyser les forces qui sont aujourd'hui au travail au Brésil.

Avec
  • Anaïs Fléchet Maîtresse de conférences en histoire contemporaine, co-auteur de Une histoire des festivals, XXe-XXIe siècles, Publications de la Sorbonne, 2013

Nous nous y étions doucement accoutumés. En fait : paresseusement. Le Brésil semblait en passe, au tournant des XXe et XXIe siècles, de s'affirmer, au centre de l'Amérique latine, comme une démocratie solide. 

Depuis l'Europe, les dizaines de millions d'habitants que le gouvernement de Lula avait réussi à sortir des abymes de la pauvreté paraissaient voués à constituer, en dépit de tous les défis de la corruption et du crime organisé, un socle neuf pour les libertés publiques et le respect des droits de chacun. Le Brésil s'affichait d'ailleurs, à partir de ce socle, comme un nouvel acteur important sur la scène internationale, et pas seulement sur son continent. Il devenait un partenaire majeur des fameux "BRICS", s'étant associé à la Russie, à l'Inde, à la Chine et à l'Afrique du Sud. 

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Ce fut donc un choc, pour tous ceux qui ne regardaient le Brésil qu'à distance, d'apprendre qu'il basculait, lors de la dernière élection présidentielle, en octobre 2018, dans les mains d'un homme, Jair Bolsonaro, qui proclamait son admiration pour la période de la dictature : la dictature surgie voici un demi-siècle et qui avait opprimé le pays durant deux décennies, de 1964 à 1985. 

Une question s'impose par conséquent : faut-il vraiment discerner dans les événements récents un sombre rebond ? Faut-il s'attendre, quelles que soient les mutations du monde dans l'intervalle, à une répétition sinistre ? Considérer de près cette époque faussement lointaine, la rapprocher de la nôtre, c'est une manière d'analyser les forces qui sont aujourd'hui au travail dans un pays dont l'histoire est si riche de nobles héritages en même temps que de lourdes douleurs. 

J'ai choisi d'inviter Anaïs Fléchet pour éclairer cela, parce qu'elle est, parmi la jeune génération des spécialistes de l'Amérique latine, une figure déjà reconnue. Elle est maître de conférences à l'Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines et membre junior de l'Institut universitaire de France. 

Archives sonores

- Extrait du discours de Jair Bolsonaro lors du vote de l'impeachment de Dilma Rousseff, le 17 avril 2016.

- Reportage télévisé sur le coup d’État militaire au Brésil, diffusé sur la 1ère chaîne le 4 avril 1964.

- Témoignage d'une jeune femme brésilienne victime de torture, extrait d'un reportage télévisé diffusé sur Antenne 2, le 29 juin 1977.

- Chanson "Calice" de Chico Buarque, sortie en 1978 (sur la censure).

- Reportage de propagande diffusé par la télévision brésilienne Globo en 1975, extrait du documentaire de Michel Pomarède intitulé "Brésil, vérités sur la dictature", diffusé dans l'émission "La Fabrique de l'Histoire" d'Emmanuel Laurentin sur France culture, le 5 janvier 2016.

- Interview de Dom Helder Camara, dans "Inter-actualités", le 26 avril 1968.  

Bibliographie

- Anaïs Fléchet, "Si tu vas à Rio..." : la musique populaire brésilienne en France au XXe siècle, Armand Colin, 2013. 

- Maud Chirio, La politique en uniforme : l'expérience brésilienne, 1960-1980, PUR, 2016.

- Armelle Enders, Histoire du Brésil, Chandeigne, 2016.

- "Comprendre la crise au Brésil", coord. par Maud Chirio, Christine Douxami, Anaïs Fléchet et Sébastien Rozeaux, numéro hors-série de la revue Brésil(s), janvier 2018.

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