

Il n'est guère de figure, parmi les personnages qui dominent de haut l'histoire des hommes, concrètement et symboliquement, qui ait connu des avatars aussi violemment contrastés.
- Denis Crouzet Professeur d'histoire moderne, à l'université de Paris IV-Sorbonne.
Christophe Colomb connaît aux États-Unis, par les temps qui courent, des moments qui sont plus que difficiles. Dans le parc mémorial de Yonkers, ville limitrophe de New York, une sculpture à son effigie a été récemment décapitée, en parodie de mise à mort, une autre a été vandalisée dans le Queens en août 2017, et à Baltimore un obélisque élevé en l'honneur du découvreur de l'Amérique, en 1792, lors du tricentenaire de son arrivée aux îles Bahamas, a subi le même sort. Les ouvrages, les proclamations, les chansons qui le peignent comme un monstre se sont multipliés là-bas depuis trois décennies.
Il n'est guère de figure, parmi les personnages qui dominent de haut l'histoire des hommes, concrètement et symboliquement, il n'est guère de figure qui ait connu des avatars aussi violemment contrastés. À d'autres époques, Christophe Colomb a été célébré comme une incarnation sans pareille du courage, de la lucidité, de la prémonition.
Voilà bien un contraste qui appelle, qui exige une enquête destinée à éclairer la succession des sensibilités collectives quant à l'homme dont il s'agit. Et comme Denis Crouzet, professeur à la faculté des lettres de Sorbonne université, vient de rééditer son livre majeur consacré à l'Amiral, selon l'expression consacrée en son temps, en le complétant d'une longue et précieuse postface inédite sur sa vie posthume depuis cinq cents ans, j'ai éprouvé comme indispensable d'inviter cet historien, qui est du premier rang. Il va nous aider à comprendre les ressorts et la portée d'une évolution aussi prodigieuse de l'image de Christophe Colomb.
Notre conversation va se dérouler en direct, depuis le Salon du livre de la porte de Versailles, conformément à une tradition que nous honorons chaque année. Si vous entendez un léger brouhaha de fond, je vous autorise à l'interpréter métaphoriquement comme la longue rumeur des siècles.
Archives sonores
- Extrait de la pièce Le Livre de Christophe Colombde Paul Claudel, écrite en 1927, mise en ondes pour la Radiodiffusion française par le Club d’Essai, un atelier de création radiophonique, le 21 février 1947, accompagné d’une musique d’André Jolivet.
- Extrait du Journal de bord de Christophe Colomb (13 octobre 1492), lu par Roger Bret, dans l’émission « Les lundis de l’histoire » de Jacques Le Goff et Pierre Sipriot, sur France culture le 11 mai 1981.
- Extrait du téléfilm « La Controverse de Valladolid » réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe en 1992, d’après un scénario de Jean-Claude Carrière, avec ici Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Bartolomé de Las Casas et Jean Carmet dans le rôle du légat du pape (et Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Juan Ginés de Sepúlveda).
- Poème « Les conquérants » de José Maria de Heredia, paru dans Les Trophées en 1893, lu par Gérard Philipe dans les années 1950.
- Chanson « Columbus » du chanteur jamaïquain de reggae Burning Spear, sortie en 1980.
- Générique de fin : chanson "Terre !" de Charles Trenet (1941).
Bibliographie
- Denis Crouzet, Christophe Colomb. Héraut de l'Apocalypse, Payot, coll. Quadrige, 2018 (rééd. augmentée).
- Denis Crouzet, Nostradamus. Une médecine des âmes à la Renaissance, Payot, 2011.
- Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu : la violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610 (préf. Pierre Chaunu, avant-propos de Denis Richet), vol. 1 et 2, Champ Vallon, coll. « Époques », 1990.
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