

Quelles sont la portée et les limites du puissant principe selon lequel la discipline est la force principale des armées ? Un principe qui n'a pas cessé d'être mis en cause, d'âge en âge.
- Hervé Drévillon Professeur d’histoire militaire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur de l’institut des études sur la guerre et la paix.
J'avais choisi ce thème avant de savoir que le sort du malheureux Venezuela allait dépendre largement de la fidélité - ou non - des forces armées au président. Nous allons parler ce matin de la désobéissance militaire.
Certains "gilets jaunes" ont réclamé, paraît-il, l'accession au pouvoir du général Pierre de Villiers. C'est évidemment une calembredaine, à laquelle le principal intéressé ne songe assurément pas, mais qui a rappelé les circonstances dans lesquelles, au tout début de son quinquennat, en juillet 2017, Emmanuel Macron avait provoqué le départ de ce chef d'état-major de nos armées. Il lui reprochait de s'être exprimé trop vivement, devant l'opinion publique, à propos des crédits militaires de la Défense nationale.
Par-delà cet épisode spécifique surgit une question aussi ancienne que l'Histoire, celle des rapports entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire. Cedant arma togae : il faut que les armes le cèdent à la toge. Voilà bien un principe romain qui garde tout son prix en démocratie. Mais on ne peut pas pour autant réduire l'attention à cette règle seule, toute précieuse qu'elle soit.
Nous allons considérer, plus largement, la portée et les limites du puissant principe selon lequel la discipline est la force principale des armées, à l'intérieur d'elles-mêmes. Car on s'aperçoit que ce principe-là n'a pas cessé d'être mis en cause, d'âge en âge, ou pour le moins nuancé, dans la guerre comme dans la paix. Et cela pour des raisons politiques, civiques, morales, et même, parfois, d'efficacité concrète au service du succès.
Hervé Drévillon, que j'ai convié ce matin, et ce n'est pas la première fois, est professeur d’histoire à la Sorbonne, directeur de l’Institut des Études sur la Guerre et la Paix. Il gouverne aussi la recherche au Service Historique de la Défense. Je ne connais guère, dans ce champ, de meilleure compétence que la sienne.
Archives sonores
- Extrait de l’allocution du président Emmanuel Macron à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet 2017.
- Chanson « J’avions reçu commandement », interprétée par Marc Ogeret en 1980. Auteur anonyme, XVIIIe siècle.
- Extrait de la pièce Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist (écrite en 1810), mise en scène de Jean Vilar, avec ici Gérard Philipe (Prince de Hombourg) et Jean Vilar (Prince Electeur), au TNP en 1951.
- Extrait de la déclaration radio-télévisée du général de Gaulle, le 23 avril 1961.
Bibliographie
- Hervé Drévillon, L’Individu et la Guerre. Du chevalier Bayard au Soldat inconnu, Belin, 2013.
- Hervé Drévillon, Olivier Wieviorka (dirs.), Histoire militaire de la France, 2 volumes, Perrin, 2018.
- Bruno Cabanes (dir.), Une histoire de la guerre. Du XIXe siècle à nos jours, Seuil, 2018.
- « L’autorité en question, obéir-désobéir », revue Inflexions, n°24, 2013.
- Xavier Lapray et Sylvain Venayre (dirs.), Écrire la guerre. De l’Antiquité à nos jours, Citadelles et Mazenod, 2018.
- Nathalie Guibert, Qui c’est le chef ?, Robert Laffont, 2018.
- Hervé Drévillon (dir.), Mondes en guerre, 4 volumes, groupe Humensis, à paraître en octobre 2019.
Première diffusion le 02/02/2019
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation