Détruire la mémoire de l'autre : une arme de guerre

Palmyre, un avant/après qui révèle la destruction des ruines antiques
Palmyre, un avant/après qui révèle la destruction des ruines antiques ©AFP
Palmyre, un avant/après qui révèle la destruction des ruines antiques ©AFP
Palmyre, un avant/après qui révèle la destruction des ruines antiques ©AFP
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Le saccage de Palmyre par Daech a glacé le sang. Il a incarné devant le monde entier, il a concentré la résurgence de pratiques qu’on avait pu, quelques temps, croire révolues, à savoir la destruction délibérée d’héritages culturels et religieux, destinés à frapper l’ennemi ...

Avec
  • Maurice Sartre Professeur émérite d’Histoire ancienne à l'Université de Tours, rédacteur en chef de la revue internationale Syria.

Le saccage de Palmyre par Daech a glacé le sang. Il a incarné devant le monde entier, il a concentré la résurgence de pratiques qu’on avait pu, quelques temps, croire révolues, à savoir la destruction délibérée d’héritages culturels et religieux, destinés à frapper l’ennemi en effaçant les hauts lieux qui portent sa mémoire, son identité, sa foi. Il ne s’agit pas ici de dommages collatéraux inhérents à tout conflit armé mais du ravage volontaire d’un patrimoine. Mossoul, Ninive, Nimroud, Hatra, Alep, Tombouctou viennent, presqu’aussi cruellement que Palmyre, de s’en trouver martyrisées – dans l’impuissance de la malheureuse UNESCO. Or, il suffit de faire resurgir l’incendie des temples de l’Acropole à Athènes par les Perses en 480 avant J.C., pour donner aussitôt à ressentir que ce précédent éclatant signifie, parmi cent autres, au long des siècles, que de semblables barbaries ont scandé l’histoire des hommes. Certes, leurs mobiles ont pris des couleurs variées, mais il se peut qu’on soit à même de dégager une certaine unité dans les ressorts de ces crimes. Nul mieux que Maurice Sartre, invité familier de cette émission, pour s’y employer avec moi. Non seulement il a beaucoup travaillé et beaucoup écrit – avec Annie Sartre – sur Palmyre et sa reine Zénobie, mais sa pente naturelle le conduit à faire servir sa connaissance intime de l’antiquité à des réflexions qui sont propres à éclairer le présent et le possible combat des esprits et des âmes d’aujourd’hui contre tous les fléaux qui paraissent renaître indéfiniment. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

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- Chanson « La ville morte » de Mac Orlan (paroles) et Lino Leonardi (musique), interprétée par Monique Morelli en 1965.

- Extrait d’une conférence d’Emile Mâle sur la cathédrale de Reims, le 1er juillet 1938.

- Lecture par Frédérique Cantrel d’un extrait du livre Le silence et rien alentour de Zlatko Dizdarevic (texte) et Gérard Rondeau (photos), diffusée dans l’émission « Un jour au singulier » de Geneviève Ladouès, sur France culture, le 17 juillet 1994.

- Témoignage d’Anne-Marie Carmentrez sur la révolution chinoise, le 1er septembre 1966.

- Témoignage du représentant à Moscou du gouvernement afghan en exil, extrait du journal de France Inter, mars 2001.

Bibliographie :

- Annie et Maurice Sartre, Palmyre. Vérités et légendes, Perrin, 2016.

- Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti, Adieu Palmyre, Philippe Rey, 2016.

- Maurice Sartre, La Syrie antique, Découvertes Gallimard, 2002.

- Vincent Négri (dir.), Le patrimoine culturel, cible des conflits armés. De la guerre civile espagnole aux guerres du 21e siècle, Bruylant, 2014.

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