Diogène, citoyen du monde

"Diogène", de Jules Bastien-Lepage, 1873 - (Musée Marmottan)
"Diogène", de Jules Bastien-Lepage, 1873 - (Musée Marmottan)
"Diogène", de Jules Bastien-Lepage, 1873 - (Musée Marmottan)
"Diogène", de Jules Bastien-Lepage, 1873 - (Musée Marmottan)
Publicité

Plus célèbre représentant de l'école cynique, Diogène combattit les tyrannies aussi fermement que les démagogues. Quels sont, à notre époque, les échos de l'oeuvre du philosophe grec ?

Avec

Comme les Indiens Jivaros le faisaient, paraît-il, avec la tête des prisonniers qu’ils ratatinaient, il arrive souvent que l’Histoire, telle qu’elle est répandue dans ses versions populaires, rabougrisse des destinées en les rabattant sur tel ou tel moment anecdotique. Emblématique aussi, parfois, mais néanmoins parfaitement réducteur. Ainsi en va-t-il de Diogène et de son tonneau lorsqu’il disait à Alexandre qui lui demandait ce qu’il pouvait faire pour lui : « Ôte-toi donc de mon soleil ». Nos manuels d’enfance en portaient l’image, issue du XIXe siècle, mais le nôtre me paraît voué à restituer à ce personnage de haute figure, la plénitude de sa dimension. Il est loisible de démontrer que par-delà le gouffre du temps, à deux-mille-trois-cents ans de distance, l’œuvre de ce philosophe grec trouve en notre époque des échos qui méritent d’être considérés. « Diogène citoyen du monde », c’est le titre que j’ai souhaité donner à cette émission après que j’ai lu le livre éclairant que Jean-Manuel Roubineau vient de lui consacrer. 

L’auteur est maître de conférences à l’Université de Rennes-II et chargé de cours à l'Université libre de Bruxelles. Avec lui, nous allons rencontrer un homme qui se refusa à la domination de l’argent comme puissance universelle, qui appela à libérer les corps et les mœurs de contraintes hypocrites, qui dénonça les excès des compétitions sportives lorsqu’elles charriaient des intérêts financiers portés à la démesure, qui combattit les tyrannies aussi fermement que les démagogues, qui conçut la politique comme une pédagogie de la sagesse, qui rejeta l’emprise des religions sur la liberté de conscience et qui, fondamentalement, se voulut cosmopolite, en se donnant « le monde comme cité ». A nous de vous démontrer que nous ne forçons pas le trait et que ces rebonds entre l’Antiquité et notre temps méritent qu’on s’y arrête. Vous regimberez peut-être. Mais écoutez d’abord.

Publicité

Archives sonores

  1. Lecture d'un extrait de La Vie d'Alexandre, de Plutarque, par Jacques Bernier dans "Heure de culture française" sur la RTF, le 3 juin 1955.
  2. Lecture par Chistophe Lemée d'un extrait des textes de Diogène de Laërce où il est question de frugalité, dans "Une vie, une oeuvre" sur France Culture le 10 septembre 1992.
  3. Lecture d'une Ode de Pindare par Julien Bertheau sur France Culture le 5 octobre 1968.
  4. La mort de Diogène et les trois versions possibles, racontée par Diogène de Laërce et lu sur France Culture le 15 janvier 1999.
  5. Georges Claisse lit un florilège d'anecdotes tirées de Diogène de Laërce, sur la rivalité avec Platon, sur France Culture le 25 août 2007. 

Bibliographie

  • Jean-Manuel Roubineau, Diogène, PUF, 2020
  • Jean-Manuel Roubineau, Les cités grecques (VIe-IIe siècles av. J.-C.). Essai d'histoire sociale, PUF, 2015
  • Marie-Odile Goulet-Cazé, Le Cynisme, une philosophie antique, Vrin, 2017
  • Etienne Helmer, Diogène le cynique, Les Belles Lettres, 2017
  • Richard Goulet (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, CNRS éditions, 1994-2018  

L'équipe